Le vaisseau SpaceShipTwo de Virgin Galactic, firme du milliardaire britannique Richard Branson, s'est écrasé vendredi dans le désert californien, faisant au moins un mort et infligeant un sérieux revers au rêve du tourisme dans l'espace.

C'est aussi le deuxième accident spatial en une semaine après l'explosion de la fusée Antares, qui devait ravitailler la Station spatiale internationale, illustrant les dangers liés à l'exploration spatiale.

«Aller dans l'espace est difficile et aujourd'hui a été une journée dure», mais «l'avenir réside sur bien des plans sur des journées dures comme celle-ci», a commenté George Whitesides, le directeur de Virgin Galactic, lors d'une conférence de presse télévisée.

«Nous avons une dette envers ceux qui pilotaient ces vaisseaux et avaient tant travaillé, et nous allons aller de l'avant», a-t-il ajouté.

L'écrasement a tué sur le coup l'un des deux pilotes, l'autre a été hospitalisé dans un état grave. SpaceShipTwo pouvait transporter six passagers en plus des deux pilotes.

Plus tôt, Virgin Galactic avait décrit l'incident sur le réseau social Twitter, affirmant que son «partenaire», la société d'ingénierie aérospatiale Scaled Composites, avait «mené un test en vol de SpaceShipTwo, un «prototype en vue du premier vol spatial commercial».

Le vaisseau a décollé vers 9h20 (12h20, heure de Montréal) depuis la base spatiale du Mojave, dans le désert californien, à environ 3 heures à l'ouest de Los Angeles.

Il s'est séparé de son avion de lancement WhiteknightTwo vers 10h00 locales (13h00, heure de Montréal). Douze minutes après, il a «souffert d'une grave anomalie qui s'est traduite par sa destruction», tandis que WhiteKnightTwo atterrissait sans encombre, ont précisé Virgin Galactic et le directeur de la base spatiale Stuart Witt.

Ce dernier a souligné lors de la conférence que les circonstances de l'accident restaient à élucider.

«Avec mes yeux et mes oreilles, je n'ai rien constaté d'anormal (...). S'il y a eu une énorme explosion, je ne l'ai pas vue», a-t-il fait valoir.

La navette était propulsée par «une nouvelle formule de combustible qui avait été testée plusieurs fois au sol», a toutefois noté Kevin Mickey, directeur de Scaled Composites.

Richard Branson a déclaré sur Twitter que ses «pensées étaient avec les familles» des pilotes et qu'il s'envolait immédiatement vers le Mojave, au sud-ouest des États-Unis, afin d'être «près de l'équipe».

Le flamboyant patron britannique, qui vit l'un des revers les plus cuisants de sa carrière, devrait y arriver samedi matin tout comme une équipe de l'Agence fédérale de l'aviation américaine (FAA).

Billet à 250 000 dollars

SpaceShipTwo est la version commerciale de SpaceShipOne, le premier vaisseau privé qui a atteint la frontière de l'espace en 2004.

Des centaines de personnes ont déjà pris des réservations pour un vol suborbital de quelques minutes à bord de SpaceShipTwo, versant une avance sur les 250 000 dollars que coûte le billet, à l'instar de l'acteur américain Ashton Kutcher.

L'acteur Leonardo diCaprio a quant à lui vendu aux enchères pour 700 000 euros, lors d'une collecte de fonds caritative, un voyage dans l'espace avec lui organisé par Virgin Galactic.

La navette avait effectué son premier test moteur en vol il y a un an et demi.

Le mois dernier, Richard Branson déclarait encore au Wall Street Journal qu'il comptait sur un premier voyage commercial de Virgin Galactic d'ici Noël et qu'il comptait embarquer sur l'un des premiers voyages avec son fils.

Les sociétés comme Virgin Galactic ou XCOR Aerospace espèrent générer un secteur du tourisme spatial. Bigelow Aerospace veut notamment commercialiser des séjours dans des hôtels orbitaux.

Pour Marco Caceres, analyste du cabinet spécialisé Teal Group, à cause de l'incident de vendredi, on ne devrait toutefois «pas voir de vols commerciaux de tourisme spatial l'an prochain et probablement pendant plusieurs années».

À l'inverse, Stuart Witt incite à croire en ce secteur «qui bourgeonne à travers la planète» et qui veut «donner un plus vaste accès à l'espace».

«C'est une activité qui n'est pas facile, mais elle en vaut la peine», estime-t-il.

Second incident spatial en une semaine

L'incident de vendredi est le second accident spatial cette semaine après l'explosion mardi de la fusée Antares de la société américaine Orbital Sciences. Elle transportait la capsule non habitée Cygnus, destinée à ravitailler la Station spatiale internationale (ISS), mais n'était pas habitée.

Il s'agit du premier accident depuis que la Nasa a commencé à avoir recours au secteur privé pour ravitailler l'ISS.

Une autre société, SpaceX, fondée par Elon Musk, avait, elle réussi le lancement de sa capsule non habitée Dragon vers l'ISS le mois dernier.