Le robot américain Curiosity, «parfaitement» en ligne avec son plan de vol, est en approche finale de Mars où il doit se poser tôt lundi pour une mission scientifique clé afin de déterminer si l'environnement martien a été propice à la vie dans le passé.

Lancé le 26 novembre 2011 de Cap Canaveral en Floride, Curiosity, l'engin d'exploration à six roues le plus gros (900 kg) et le plus perfectionné jamais envoyé sur une autre planète, doit toucher le sol martien à 05H31 GMT dans le cratère de Gale, près du mont Sharp (5.000 mètres d'altitude), après avoir parcouru 570 millions de kilomètres.

«Nous sommes sur la bonne voie, le vaisseau réagit tout à fait normalement, nous ne constatons aucune anomalie (...). Nous sommes donc parfaitement prêts à trois jours» de l'arrivée de Curiosity sur Mars, a déclaré Pete Theisinger, responsable du projet Mars Exploration Rover (MER) à Pasadena, en Californie.

«C'est la mission scientifique la plus importante sur Mars», estime pour sa part John Logsdon, l'ancien directeur du Space Policy Institute à Washington. «C'est la dernière mission dans le cadre de la stratégie adoptée il y a dix ans consistant à rechercher l'eau sur Mars pour comprendre où la vie aurait pu émerger, avant d'aller chercher des échantillons pour les ramener sur Terre», explique-t-il à l'AFP.

Durant sa mission d'exploration prévue pour durer deux ans terrestres --une année martienne--, le robot, alimenté par un générateur nucléaire, va tenter de découvrir si l'environnement martien a pu être propice au développement de la vie microbienne.

«Gale offre pour cela une occasion superbe de tester de multiples environnements potentiellement favorables à la vie», souligne John Grotzinger, responsable scientifique à l'Institut de Technologie de Californie à Pasadena.

«Des couches de terrain à la base de la montagne contiennent de l'argile et des sulfates, connus pour se former dans l'eau», selon les observations des orbiteurs américains.

«Cette mission est extraordinaire et a le potentiel de changer la façon dont nous nous percevons» dans l'Univers, dit à l'AFP Bill Nyes, président de la Planetary Society, un organisme de promotion de l'exploration spatiale, créé par l'astronome légendaire Carl Sagan.

Curiosity possède un mât avec des caméras à haute définition et un laser pour étudier des cibles jusqu'à sept mètres.

D'autres instruments scruteront l'environnement pour y chercher des molécules de méthane, un gaz souvent lié à la présence de la vie, déjà détecté sur Mars à certaines saisons par un orbiteur américain.

Le robot pourra aussi faire des prélèvements en perçant le sol et les analyser.

Se poser sur Mars est risqué

Mais entrer dans l'atmosphère martienne et se poser sur la planète rouge est risqué et sera encore plus délicat pour Curiosity à bord du vaisseau Mars Science Laboratory.

«Poser Curiosity sur Mars est la mission la plus difficile jamais entreprise par la Nasa dans l'histoire de l'exploration robotique planétaire», avait jugé en juillet John Grunsfeld, directeur adjoint de l'agence spatiale pour les missions scientifiques.

La Nasa précise que contrairement aux sondes précédentes, Curiosity est trop lourd pour que l'impact soit amorti par des sacs à air.

Les ingénieurs ont donc conçu une sorte de «grue» avec des rétrofusées qui tiendra le robot à l'aide de cordes en nylon pendant les dernières secondes de la descente.

Mais avant cela, le vaisseau aura connu sept minutes de descente vertigineuse et dangereuse durant lesquelles sa vitesse passera de 21 243 à 2,74 km/h, selon John Grunsfeld.

Un immense parachute supersonique de 21 mètres de diamètre se déploiera tout d'abord après le largage du bouclier thermique, pour freiner le vaisseau au-dessous de la vitesse du son.

Sur les quatorze missions visant à poser un engin sur Mars depuis 1960, 50% ont échoué, les États-Unis ayant eu le plus de succès avec cinq sondes atteignant le sol martien. C'est le seul pays à avoir exploré la planète rouge.

L'ex-URSS avait été la première à y poser une sonde en 1971, qui n'a fonctionné que 15 secondes.