Les Polonais accusent la Commission européenne d'avoir germanisé le nom de l'astronome Nicolas Copernic, qu'ils revendiquent comme leur compatriote, pour désigner un programme spatial européen de surveillance.

Le programme, appelé jusqu'ici GMES (Global Monitoring for Environment and Security), vient d'être officiellement rebaptisé «Kopernikus», qui est la transcription allemande de Copernic, à l'initiative du vice-président de la Commission européenne, l'Allemand Günter Verheugen.

«Il y a 500 ans, Copernic (1473-1543) a révolutionné notre compréhension de l'univers. J'espère que Kopernikus va de la même manière révolutionner notre compréhension de la Terre», a déclaré Verheugen, lors d'un forum à Lille.

«Nous sommes très heureux que le programme porte le nom de l'astronome polonais. Mais la transcription allemande utilisée met en cause sa nationalité polonaise», a expliqué à l'AFP Janusz Ziolkowski, vice-président du comité des études spatiales et satellitaires de l'Académie des sciences polonaises.

En Pologne, Copernic est révéré et considéré comme l'un des plus grands Polonais de tous les temps.

En Allemagne, Copernic est considéré comme Allemand.

Les encyclopédies internationales le qualifient plutôt de polonais. Sa ville natale de Torun (Thorn en allemand) a souvent changé de mains entre la Prusse et la Pologne. Quand il est né en 1473, Torun appartenait depuis 19 ans à la Pologne.

«Nous ne tenons pas à ce que le programme utilise nécessairement la transcription polonaise, c'est à dire Mikolaj Kopernik. Cela enlèverait à ce personnage tout son caractère universel. Nous aimerions que le programme utilise la transcription en latin Copernicus, à l'instar d'un autre programme, Galileo», a indiqué Ziolkowski.

L'eurodéputé conservateur Adam Bielan, éminence grise des frères Kaczynski, a accusé Günter Verheugen de «falsifier l'histoire».

Dans un lettre à la Commission européenne, Bielan a estimé que «l'utilisation par Verheugen de la transcription allemande falsifiait la conscience historique et témoignait soit d'un manque de connaissance soit de mauvaises intentions».

«Est-ce une tentative de révisionnisme historique ou une erreur linguistique?», a demandé l'eurodéputé du parti Droit et justice (PiS), connu pour ses prises de positions anti-allemandes.