Une mission internationale pour rapporter des échantillons du sol de Mars pourrait être lancée dès 2018, ont déclaré mercredi des représentants d'agences spatiales et des experts réunis à Paris autour des futurs projets d'exploration de la planète rouge.

«2018 commencera l'ère des retours d'échantillons de Mars», a lancé le directeur du programme d'exploration de Mars à la Nasa, Doug Mc Cuistion, à l'occasion de la publication d'un rapport réalisé par le Groupe de travail international sur l'exploration de Mars (IMEWG).

De telles missions, qui permettraient de rapporter sur Terre des roches martiennes pour les analyser, pourraient avoir lieu entre les années 2018 et 2023 et nécessiteront une coopération internationale, ont souligné les intervenants.

«Il s'agit d'une sorte de Graal, qui représente un véritable défi et nécessite donc une coopération au moins transatlantique», a ainsi déclaré le directeur général délégué du Centre national français d'études spatiales (Cnes), Stéphane Janichewski.

Pour le directeur général de l'Agence spatiale européenne (Esa), Jean-Jacques Dordain, un tel projet d'exploration «ne peut être qu'un objectif politique» car «il dépasse les cadres de la science, de la technologie et de l'éducation».

Une mission de retour d'échantillons de Mars (MSR), déjà envisagée il y a plusieurs années dans le cadre d'une coopération entre la Nasa et le Cnes, est un des objectifs majeurs de l'étude de la planète, avant une mission habitée envisagée vers 2040.

Dans leur rapport, les experts de l'IMEWG soulignent que «pour être acceptée par la communauté scientifique internationale, une telle mission devra rapporter des échantillons de Mars diversifiés et sélectionnés avec soin».

Ils rappellent que l'intérêt d'étudier Mars réside entre autres dans le fait qu'elle est «la planète la plus ressemblante à la Terre dans le système solaire» et que les 700 premiers millions d'années de son histoire sont préservés dans sa géologie, contrairement à la Terre.

Au cours de la réunion, le responsable des robots Spirit et Opportunity de la Nasa qui explorent actuellement la surface de Mars, Steve Squyres (Université Cornell), a noté qu'une telle mission serait «complexe et coûteuse» et qu'il fallait donc s'attacher à prévoir de bons moyens de sélection des roches et de collecte, un robot avec une grande mobilité et une longévité importante pour trouver les meilleurs échantillons.

Rappelant pour sa part les données fournies par les roches ramenées de la Lune par les missions américaines Apollo, Jean-Pierre Bibring, de l'Institut français d'astrophysique spatiale a souligné que l'on «ne pouvait pas imaginer ce qui sortira d'une mission de retour d'échantillons de Mars».

À l'heure actuelle, des sondes en orbite autour de la planère rouge et plusieurs robots posés à sa surface transmettent en permanence des informations sur son sol, son atmosphère, etc. : missions Phoenix, Mars Reconnaissance Orbiter, Mars Exploration Rover et Mars Odyssey de la Nasa, mission Mars Express de l'Esa.

Par ailleurs, parmi les projets en cours figurent notamment Mars Science Laboratory de la Nasa en 2009 et ExoMars de l'Esa en 2013.