C'est le pire cauchemar de tous les parents. Chaque semaine au Canada, trois nourrissons meurent de façon soudaine et inexplicable durant leur sommeil. Jusqu'à aujourd'hui, les médecins n'ont jamais su expliquer ce qui cause le syndrome de la mort subite. Une équipe de chercheurs italiens croit avoir enfin élucidé le mystère.

C'est un dérèglement de la sérotonine dans le cerveau des bébés - une molécule responsable de la coordination des fonctions vitales comme la respiration et le rythme cardiaque - qui serait à l'origine du problème.

«Les chercheurs soupçonnent depuis un bon moment le lien entre l'instabilité de la sérotonine et le syndrome de la mort subite, explique le chercheur qui a dirigé l'étude, Cornelius Gross, joint en Italie. Mais c'est la première fois qu'on réussit à prouver cette hypothèse sur un modèle animal.»

C'est par pur hasard que les scientifiques du Laboratoire européen de biologie moléculaire ont réalisé cette découverte. Au départ, ils souhaitaient étudier les impacts de l'altération des niveaux de sérotonine sur l'humeur de souris transgéniques.

«Mais on s'est rendu compte que 70% d'entre elles mouraient avant l'âge de 3 mois, dit Cornelius Gross. C'est à ce moment qu'on a commencé à faire des liens.»

Il y a deux ans, des autopsies pratiquées par des chercheurs de l'Université Harvard sur le cerveau de bambins morts subitement ont révélé que la majorité d'entre eux produisaient moins de sérotonine que les autres bébés.

«Notre étude ajoute une pièce importante à ce puzzle, dit Cornelius Gross. Avec les souris, on a pu mesurer ce qui se passe avant, pendant et après la mort. Ce qui n'est évidemment pas possible avec des bébés.»

Favoriser le deuil

Pour la Dre Marian Willinger, sommité américaine du syndrome de la mort subite, cette confirmation tant attendue est un premier pas vers le diagnostic, puisque les taux de sérotonine sont facilement mesurables.

«Ça aide également le deuil des parents qui se sentent coupables lorsqu'ils sont incapables de comprendre comment leur enfant est mort. On peut maintenant leur dire qu'il avait probablement une maladie du développement.»

L'Association québécoise de pédiatrie accueille également cette avancée de façon positive. La pédiatre Pascale Hamel rappelle qu'en attendant, le meilleur moyen d'éviter ces morts tragiques est de faire dormir son enfant sur le dos. Cela afin d'éviter que le poupon respire l'air vicié de monoxyde de carbone qu'il vient d'expirer.

Les campagnes «Dodo sur le dos», menées dans les années 90 avaient d'ailleurs permis de faire diminuer considérablement le nombre de morts subites. Pour Cornelius Gross, la prochaine étape sera justement de mesurer l'impact de l'inspiration de monoxyde de carbone sur le taux de sérotonine des souris.

Les résultats complets de l'étude seront publiés aujourd'hui dans la revue américaine Science.