(Québec) Christian Dubé affirme qu’on ne peut pas le comparer à Gaétan Barrette et qu’il existe plusieurs différences entre sa réforme de la santé et « l’ancienne administration […] sous l’ère libérale », pendant que les partis de l’opposition tentent de lui accoler cette étiquette. « Il n’y aura pas de guerre mondiale », a-t-il tempéré.

« Il n’y a personne dans un hôpital qui m’a comparé à Gaétan Barrette. […] Le député de Rosemont [Vincent Marissal] peut faire tous les amalgames qu’il veut, ça sera aux gens de juger le travail qu’on fait », s’est défendu M. Dubé à l’Assemblée nationale, mardi.

Son projet de loi sera déposé ce mercredi. Selon les informations qui circulent, il comportera pas moins d’un millier d’articles. Ce sera une réécriture majeure de la Loi sur la santé et les services sociaux, la bible de gestion du réseau. Contrairement à Gaétan Barrette, qui avait forcé le départ de près de 1300 gestionnaires, M. Dubé souhaite en embaucher des centaines. Et il veut obliger les médecins spécialistes à prendre davantage en charge les patients partout sur le territoire et fusionner l’ancienneté syndicale des employés de tout le Québec.

L’élu de Québec solidaire venait de lui demander de quelle façon il comptait « redevenir un employeur de choix » tout en s’inspirant de M. Barrette et de sa réforme controversée.

« On sait que le ministre de la Santé a déjà engagé l’ancien bras droit du DBarrette pour mener sa réforme, Daniel Desharnais. Visiblement, il y a des atomes crochus. Tant qu’à avoir le numéro 2, pourquoi ne pas avoir le numéro 1 ? Est-ce que le ministre de la Santé pourrait mettre DBarette sur sa courte liste de top guns pour gérer son agence Santé Québec, un coup parti ? », a demandé M. Marissal.

« Pagaille et chicane »

L’appui de l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette à la réforme caquiste de la santé a marqué Québec solidaire, le Parti québécois et même les libéraux, qui y voient tous un mauvais présage d’un autre bouleversement dans le réseau de la santé.

« Des réformes de structure qui plongent notre système de santé dans la pagaille et la chicane, on l’a fait dans le passé. Celui qui l’a fait le plus, c’est Gaétan Barrette. Et aujourd’hui, cet ancien ministre libéral de la Santé nous dit : c’est une maudite bonne affaire, le projet de la CAQ », a déploré le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en matinée.

Il n’est pas le seul à avoir réagi à la sortie de l’ex-ministre libéral. Après la lecture des reportages de La Presse lundi sur les intentions du gouvernement, l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette concluait que « ça va être la troisième guerre mondiale », et il a applaudi « à tour de bras » la réforme Dubé.

« Le premier appui significatif du ministre Christian Dubé, c’est Gaétan Barrette. Je m’arrêterai là », a lancé le député péquiste Pascal Bérubé. Son chef, Paul St-Pierre Plamondon, a raillé M. Dubé, qui a « cette habitude de trouver des mots grandioses pour qualifier son action ». « Souvenons-nous de la mini-révolution, ou de la petite révolution, où est-ce qu’on donnait des bonus aux infirmières du privé, initiative qui a donné pas grand-chose, à part une dilapidation des fonds publics, shaker les colonnes du temple, trouver des top guns, le plan d’action d’urgence et le Comité d’urgence tactique. Christian Dubé fait beaucoup d’annonces, mais qui ne correspondent à rien concrètement pour la population », a-t-il dit.

Le chef libéral, Marc Tanguay, estime « qu’on n’a pas besoin d’une troisième guerre mondiale au Québec ». « Ceux qui sont sur une liste d’attente n’ont pas besoin d’une troisième guerre mondiale », a-t-il dit.

Essentiel, dit Legault

Le premier ministre François Legault a cependant expliqué qu’il était essentiel de s’attaquer à la structure du réseau de la santé, et que le « le succès de [sa] démarche [...] dépend beaucoup de cette flexibilité qu’on va être capable d’aller chercher dans l’organisation du travail », notamment chez les infirmières.

Il a déploré que des « réorganisations locales peuvent être bloquées par des syndicats locaux ». « On voudrait que ce ne soit plus possible, qu’on soit capable localement de s’adapter à chaque situation et de faire une bonne réorganisation. »

Il s’est abstenu de répéter ce qu’il disait au cours des dernières semaines, à savoir que les syndicats sont enfermés dans « une logique de fermeture » et ne veulent pas discuter avec le gouvernement pour « changer les choses ».

« Si on veut changer l’organisation du réseau, et je pense que c’est unanime au Québec qu’on doit changer l’organisation du réseau, il faut aller chercher plus de flexibilité, par exemple dans la fabrication des horaires. Et il faut qu’il y ait beaucoup plus de décisions qui soient prises par les directions des établissements, donc décentraliser », a-t-il expliqué.