Le CISSS de la Montérégie-Centre est finalement revenu sur sa décision de supprimer quatre ambulances sur son territoire à la suite d’une sortie publique de paramédicaux inquiets des impacts potentiels sur les services.

Lundi, des paramédicaux de la Montérégie avaient lancé un cri d’alarme devant la coupe imminente de quatre ambulances sur leur territoire, soit l’équivalent de 14 postes à temps plein.

Dès le 1er avril, ces ambulances de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) auraient dû cesser leurs activités, faute de financement du CISSS de la Montérégie-Centre.

« Ça fait quatre ans qu’on demande des véhicules additionnels parce que nos troupes répondent à un appel après l’autre, n’ont pas le temps de manger et font du temps supplémentaire obligatoire. Et là, au lieu d’en ajouter, on en retire quatre », s’inquiétait, en entrevue avec La Presse, le directeur général de la CETAM, Martin Benoit.

En 2019, la CETAM avait demandé l’ajout de sept ambulances pour répondre aux besoins de la population. Dans les trois dernières années, le CISSS de la Montérégie-Centre avait accepté de financer, à même son budget, quatre véhicules ambulanciers, mais était revenu sur sa décision vendredi en annonçant ne plus être en mesure de le faire.

Des ambulances à Vaudreuil-Dorion, Salaberry-de-Valleyfield, Châteauguay et Saint-Bruno-de-Montarville risquaient donc de devoir cesser leurs activités. « Le taux d’utilisation des véhicules est de plus en plus élevé. Les paramédicaux qui vont rester vont être surchargés. Ils vont craquer », s’inquiétait M. Benoit.

Sauf qu’à minuit moins une, la sortie publique du CETAM a finalement été entendue.

En fin de journée, lundi, le CISSS de la Montérégie-Centre a annoncé être revenu sur sa décision de supprimer ces services « pour les prochains mois ». « Cela permettra d’assurer l’offre de services à la population et de poursuivre les discussions avec le ministère de la Santé et Services sociaux (MSSS) », a fait savoir une de ses porte-parole, Martine Lesage.

Depuis plusieurs années, certains territoires de la Montérégie connaissent une croissance importante de l’utilisation des ressources ambulancières disponibles, rappelle-t-elle. C’est pourquoi le CISSS de la Montérégie-Centre a demandé à Québec une « bonfication permanente et récurrente » du nombre d’heures de services ambulanciers sur le territoire, ajoute Martine Lesage.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et Martin Benoit, directeur général du CETAM, en octobre 2021, lorsque la collaboration entre le Ministère et la coopérative a été annoncée.

Informé de ce revirement de situation en fin de journée lundi, le directeur général de la CETAM, Martin Benoit, demeurait tout de même inquiet quant à la capacité de son organisation « d’offrir une couverture sans interruption à court ou moyen termes ». « La population a besoin de savoir que les services ambulanciers pourront être financés de manière récurrente et continue. »

Cette décision du CISSS se serait traduite par une réduction considérable de la couverture ambulancière en Montérégie, mettant en danger la vie de citoyens en situation d’urgence, estime M. Benoit.

Il demande au MSSS d’offrir un financement correspondant aux besoins sur le terrain. « C’est assez de négliger les paramédicaux. En Montérégie, on a développé un projet de paramédecine communautaire pour désengorger les urgences. Le remerciement que l’on reçoit, c’est de couper quatre ambulances », déplore le directeur.

Un service retardé par des urgences débordées

Depuis les derniers mois, le taux d’occupation élevé des urgences influe lourdement sur la couverture ambulancière en Montérégie, indique M. Benoit. « Quand le véhicule ambulancier arrive dans les urgences, ça peut prendre jusqu’à cinq heures avant de le trier. Pendant ce temps-là, les ambulances s’empilent au centre hospitalier et ne sont pas sur le territoire pour prendre des appels », déplore-t-il.

Par ailleurs, les paramédicaux de la CETAM sont fréquemment appelés à se rendre à Montréal, puisqu’Urgences-santé, la société publique paramédicale qui couvre le territoire, fait face à un important manque de personnel, ajoute le directeur.

« Quand il y a des appels où il y a danger de mort, ils envoient l’ambulance la plus près et ça peut être une de la Montérégie. L’ambulance disparaît alors pendant plusieurs heures le temps qu’elle fasse l’appel en ville et qu’elle revienne à son port d’attache. Pendant ce temps-là, on ne peut pas couvrir notre territoire », explique-t-il.

Dans ces circonstances, la CETAM ne peut pas se permettre de perdre quatre ambulances, soit l’équivalent de 16 000 heures de service par année, estime M. Benoit.

Avec Tommy Chouinard, La Presse

En savoir plus
  • 500
    Nombre de paramédicaux à la CETAM
  • 80 000
    Nombre d’appels auxquels répond la CETAM chaque année
    SOURCE : CETAM