Le ministère de la Santé a changé son fusil d’épaule mardi au sujet d’une prime accordée au Centre antipoison du Québec (CAPQ), où l’on craignait un exode du personnel et une rupture de services.

Le ministère de la Santé prévoyait de retirer, le 31 mars, une prime de soins critiques qui était attribuée depuis une dizaine d’années aux infirmières. Devant le retrait de cette prime, qui correspondait à 14 % de leur salaire, plusieurs employés envisageaient de quitter le Centre antipoison.

Le CIUSSS de la Capitale-Nationale a confirmé mardi qu’à la suite des travaux menés avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), une mesure administrative sera appliquée permettant aux infirmiers et infirmières du Centre antipoison du Québec de conserver la prime.

« Les services du Centre antipoison du Québec, qui contribuent de façon importante à la qualité des soins prodigués à la population, pourront se poursuivre dans un contexte favorable », s’est réjouie la Dre Maude St-Onge, spécialiste en soins intensifs, toxicologue médicale et directrice médicale du Centre antipoison du Québec.

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La Dre Maude St-Onge

Un service essentiel

Le Centre antipoison du Québec, qui offre un service de consultation téléphonique et de conseil en cas d’ingestion d’une substance toxique, est destiné aux professionnels de la santé, aux premiers intervenants et au grand public.

En 2021, le Centre a pris en charge 36 218 appels du grand public, dont près de la moitié pour des expositions impliquant des enfants. Seulement 3960 cas ont été dirigés vers l’urgence, permettant d’éviter 32 358 consultations.

Bien que des médecins toxicologues soient présents au Centre antipoison, le personnel infirmier en première ligne traite environ 90 % des appels sur la base de leur expertise. L’équipe médicale souhaitait donc que le gouvernement reconnaisse le statut particulier des infirmières et mette en place des modalités pour les garder.

Perte de personnel

À l’heure actuelle, 22 infirmières travaillent au Centre antipoison du Québec sur un idéal de 27. Quatre postes sont en affichage, mais personne n’a postulé à deux d’entre eux. Par ailleurs, 18 infirmières du centre ont récemment posé leur candidature pour d’autres postes dans le CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Ces départs préoccupaient grandement l’équipe de médecins spécialistes, qui s’inquiétait de perdre l’expérience considérable des infirmières et de devoir former à nouveau des dizaines d’employés.

En effet, lorsqu’une infirmière est embauchée au Centre antipoison, elle doit suivre une formation intensive de deux mois qui implique la connaissance de différences substances comme les plantes, les champignons et la médication. Les infirmières sont aussi formées pour utiliser les logiciels et les 300 guides chimiques.

Les infirmières reçoivent ensuite de la formation continue toutes les six semaines, grâce à un jumelage avec un autre membre du personnel. Les infirmières sont également invitées à obtenir une certification officielle aux États-Unis, puisqu’il n’existe pas de formation officielle canadienne.