(Québec) « Cancre » en matière d’investissements en santé publique, le Québec doit rattraper le retard vis-à-vis les autres provinces canadiennes, selon l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) qui réclame de rehausser le financement d’un milliard de plus par année.

Le constat de l’ASPQ est sans appel : « l’ajout de malades dans le système de santé mènera à sa perte ». Pour « remédier à la crise » du réseau de la santé et « s’adapter au vieillissement de la population », il faut revoir à la hausse le budget annuel dédié à la santé publique, plaide l’ASPQ.

« Il faut faire en sorte que la prévention et la promotion de la santé deviennent la clé de voûte de notre système », affirme le directeur général de l’ASPQ, Thomas Bastien. Et les chantiers sont nombreux : la saine alimentation, les habitudes de vie, la prévention des maladies chroniques…

L’Association, appuyée d’experts de santé publique, réclame que le gouvernement Legault rehausse l’enveloppe budgétaire de la santé publique d’un milliard de plus par année. Leur demande a été réaffirmée lors du Sommet de la santé durable, qui se tenait à Québec à la fin janvier.

« Le Québec, en comparaison avec les autres provinces, est un cancre en matière d’investissements en santé publique », souligne M. Bastien.

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, de 2004 à 2019, le gouvernement québécois a réservé en moyenne 2,2 % du budget de santé en santé publique alors que la moyenne canadienne est de 5,4 %.

Ça veut dire que 98 % des sommes qui sont investies dans le réseau de la santé le sont pour soigner la maladie et qu’environ 2 % le sont pour prévenir la maladie, c’est très, très minime.

Thomas Bastien, directeur général de l’ASPQ

En 2021, le Québec était toujours à la traîne, avec un investissement de 2,4 % contre 6 % pour les provinces de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. En dollars, il s’agit d’un investissement de 190 $ par habitant, tandis que la moyenne au pays est de 428 $ par citoyen.

Ces données sont citées dans le mémoire déposé par l’ASPQ dans le cadre des consultations prébudgétaires, en prévision du prochain budget Girard.

« Récents investissements »

L’an dernier, dans le cadre du budget, Québec a investi une somme de 235,9 millions sur quatre ans pour « rehausser les interventions de prévention en santé ».

« Depuis notre arrivée, nous avons fait des investissements récurrents supplémentaires de plus de 200 millions, c’est du jamais vu », a rétorqué lundi le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Dans le cadre de notre Plan Santé, on s’est aussi doté d’une Politique gouvernementale de prévention en santé en investissant des sommes supplémentaires de plus de 40 millions de dollars », a-t-on ajouté, rappelant « les coupes » du gouvernement libéral.

« Nous avons choisi de faire un rattrapage nécessaire dans les budgets afin de supporter le travail essentiel de ces experts », indique le cabinet du ministre Dubé.

L’ASPQ estime que le manque à gagner pour rattraper le retard (atteindre le 5 % du budget de santé) est d’environ 1,5 milliard par année. On chiffre néanmoins la demande à 1 milliard par année.

Dans son rapport sur les soins et services aux aînés pendant la pandémie, déposé il y a un an, la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, fait aussi le constat que le Québec est l’un des États qui dépensent le moins per capita en santé publique.

Mme Castonguay recommande d’ailleurs au gouvernement Legault de « rehausser les capacités du système de santé publique […] minimalement à un niveau comparable de ce qui est observé ailleurs au Canada et même au niveau international » et d’en « renforcer le rôle stratégique ».

En janvier 2022, l’ASPQ, accompagnée de l’ex-député indépendant Sylvain Roy, avait présenté leur demande à l’Assemblée nationale.