(Québec) Valérie Plante « n’a pas à s’inquiéter » de l’agrandissement par étapes de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, assure Christian Dubé. Le ministre de la Santé demande un peu de patience alors que le « dossier d’affaires » du projet est en train d’être finalisé.

« Quand le dossier d’affaires va être complété, on va l’annoncer. Mme Plante n’a pas à s’inquiéter », a brièvement fait valoir le ministre avant la période des questions, mercredi à Québec.

Mercredi, la mairesse de Montréal a pris la plume pour faire état de ses préoccupations en lien avec le projet d’agrandissement et de modernisation de l’hôpital. Elle demande au gouvernement Legault de présenter publiquement « une proposition claire » du plan d’agrandissement « par phasage » de l’établissement, un scénario qui est « préoccupant » pour les soins aux patients, selon elle.

« Mme Plante n’a pas à s’inquiéter. On s’est engagés à construire, avoir 720 chambres, on fait les choses rigoureusement. On a suivi les étapes, on a fait un dossier d’opportunité l’an dernier, on a choisi le site, maintenant le site est très clair. [La] deuxième étape, c’est le dossier d’affaires. Quand le dossier d’affaires va être complété, on va annoncer », a ajouté M. Dubé.

Le ministre de la Santé n’a pas voulu s’avancer sur un échéancier ou chiffrer le budget. « Je ne veux pas jouer sur les mots, c’est très rigoureux. On parle de plusieurs milliards. Je pense qu’il faut faire les choses dans l’ordre », a-t-il répété mercredi.

Le Comité des usagers de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont s’est aussi dit « profondément préoccupé par les plans actuels pour la rénovation de l’hôpital ». Dans une lettre adressée à M. Dubé, le comité lui demande de « reconsidérer le projet de rénovation et de privilégier un projet de reconstruction ».

La Presse a récemment révélé que le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal évaluait un scénario d’agrandissement beaucoup moins ambitieux, qui inclurait la rénovation du bâtiment le plus vétuste, le cruciforme, pour respecter l’enveloppe budgétaire de 2,5 milliards annoncée par Québec.

Or, le projet d’agrandissement coûterait 4,2 milliards, selon une analyse financière de la Société québécoise des infrastructures. Dans la foulée de ces révélations, le ministre Christian Dubé a pour la première fois affirmé que le projet d’agrandissement se ferait « par phases ».

François Legault envisage « sérieusement » de revoir à la hausse les investissements prévus pour réaliser le projet, a affirmé plus tôt ce mois-ci le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, à la sortie de sa rencontre avec le premier ministre.

« Ne faisons pas les choses à moitié pour ensuite le regretter pendant des décennies, et prenons la mesure de la situation dans cet hôpital-là. Prenons aussi la mesure de l’injustice pour l’est de Montréal qu’on peut corriger et qu’on doit corriger », a réitéré M. St-Pierre Plamondon, mercredi.

Un échéancier sans « tataouinage » ?

L’affaire a rebondi à la période des questions alors que le député de Rosemont, Vincent Marissal, de Québec solidaire, a sommé M. Dubé de présenter un plan clair pour la suite. « Est-ce que le ministre peut prendre un engagement : un hôpital, 720 lits, avec le bon budget, avec un échéancier sans tataouinage ? », a-t-il demandé.

Christian Dubé a réaffirmé que le gouvernement terminait le dossier d’affaires du projet. « Ce qu’on a demandé, c’est – étant donné les complexités, dont le député connaît très bien les composantes, d’un édifice qui est en lambeaux – [qu’]il faut absolument trouver la façon de construire le nouvel hôpital de la bonne façon et [de façon] rigoureuse. C’est ce que nous faisons présentement », a répondu le ministre.

« Sa réponse, c’est n’importe quoi. Ça allait dans tous les sens. […] Désolé, mais le travail a été fait correctement par le CIUSSS, qui a étudié 24 sites possibles ; ils ont fait leurs devoirs, on sait ça prend combien de lits, le seul pépin c’est que le gouvernement de la CAQ gratte les cennes parce qu’il ne veut pas dépenser plus », a déploré le député de Rosemont, en entrevue.

« Au fur et à mesure que le gouvernement pellette par en avant puis ne réalise pas le projet, non seulement ce sont des coûts qui explosent, mais ce sont des patients qui n’ont pas accès aux services », a déploré pour sa part le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.

Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose, La Presse