Disant avoir « entendu le cri du cœur » des infirmières et infirmiers qui ont effectué un sit-in jeudi soir pour protester contre leurs conditions de travail et la pénurie criante de personnel sur la côte de la Baie d’Hudson, le Centre de santé Inuulitsivik répond dès maintenant à certaines des six demandes faites par leur syndicat.

Jeudi soir, les infirmières des sept villages de la Baie d’Hudson avaient déclenché un sit-in à 17 h. Elles ne répondaient plus aux téléphones de garde utilisés pour les urgences médicales de la population.

Durant la nuit, la juge Irène Zaïkoff du Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu une décision obligeant les infirmières du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la Baie d’Hudson et des professionnelles en soins à mettre fin à leur moyen de pression.

Dans une lettre envoyée à tous ses employés vendredi et obtenue par La Presse, la directrice du Centre de santé Inuulitsivik (CSI), Sarah Beaulne, et d’autres membres de la direction remercient « les employés et gestionnaires qui, quoique solidaires avec leurs collègues, ont volontairement pris la garde pour éviter de mettre la population à risque. Il en va de même pour les médecins qui ont pris cette responsabilité pour laisser à l’équipe des soins infirmiers la possibilité de manifester ».

Mme Beaulne et ses collègues se disent « conscients et sensibles » aux revendications de leurs employés. « Cela fait des mois que nous travaillons de concert avec la RRSSSN (NDLR : Régie de la santé et des services sociaux du Nunavik) et le MSSS (NDLR : ministère de la Santé et des Services sociaux) afin d’apporter des changements aux conditions de travail de nos employés. Même si les travaux n’avancent pas au rythme souhaité par tous les partis, nous vous réaffirmons qu’il s’agit de travaux de fond majeurs, et que tous les acteurs nécessaires sont déjà mis à contribution », est-il écrit dans la lettre.

Les infirmières de la Baie d’Hudson avaient formulé six demandes à leur direction avant de mettre leur sit-in à exécution. Notamment de se faire garantir 8 heures de repos par période de 24 heures. Dans sa lettre, le CSI mentionne que cette période de de repos est « en théorie, toujours prévue » dans les horaires de travail, mais reconnaît « que cette condition n’a pu être respectée lorsque les besoins des communautés dépassent le personnel nécessaire pour y répondre » Le CSI dit s’engager à ce que ces 8 heures soient toujours respectées. Des rencontres sont prévues dès la semaine prochaine d’abord à Puvirnituq et à Inukjuak, puis dans chacun des 5 autres villages de l’Hudson afin que de nouveaux modèles de travail soient implantés partout d’ici le 31 mars.

Un projet-pilote sera aussi lancé pour que deux billets d’avion supplémentaires soient fournis aux « employés des directions cliniques ayant un statut temps complet, qui donnent des services directs à la population de façon soutenue et devant effectuer des périodes de garde ».

La côte de la Baie d’Hudson est frappée depuis des mois par une pénurie de personnel. L’été dernier, les autorités de santé locales avaient réclamé l’intervention de l’armée. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’était rendu sur place.