Un simple test sanguin ou urinaire pourrait bientôt permettre d’identifier certains cancers chez les enfants, estime l’Hôpital de Montréal pour enfants, qui amorce la première recherche pédiatrique au Canada visant à développer ces biopsies liquides.

Pour le chercheur montréalais Janusz Rak, directeur de la recherche sur la biopsie liquide, cette procédure amène « de nouvelles perspectives dans le traitement des cancers chez l’enfant », a-t-il déclaré en conférence de presse jeudi après-midi.

Cette nouvelle méthode serait beaucoup moins invasive que celle utilisée actuellement qui nécessite que les chirurgiens effectuent une biopsie chirurgicale en retirant une petite quantité de tissu à l’aide d’une aiguille ou, dans certains cas, en enlevant la masse en entier.

Les biopsies liquides sont en effet « pratiquement indolores et sans risque », soutient le DRak. Elles peuvent également être pratiquées de façon répétée pour s’assurer « que le traitement fonctionne et, dans le cas contraire, passer immédiatement à un autre médicament ».

La Dre Nada Jabado, chercheuse au sein du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’Institut de recherche du CUSM et oncologue à l’hôpital de Montréal pour enfants, espère que les premières études cliniques débuteront d’ici deux ans.

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La Dre Nada Jabado, chercheuse au sein du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’Institut de recherche du CUSM et oncologue à l’hôpital de Montréal pour enfants

Son fonctionnement

Depuis plusieurs années, il est démontré que les tumeurs cancéreuses solides, comme le cancer du cerveau et les tumeurs osseuses, laissent échapper dans le sang diverses substances, telles que des cellules, de l’ADN, des protéines et des exosomes, qui agissent comme des répliques miniatures de cellules cancéreuses.

Le DRak a découvert que les gènes responsables des tumeurs cancéreuses se retrouvent dans ces exosomes. Les chercheurs de l’Hôpital de Montréal pour enfants travaillent donc à développer des technologies pour capturer ces exosomes, ce qui permettrait de déterminer quel type de cancer se trouve chez l’enfant.

« Uniquement avec une prise de sang, on pourrait savoir le matériel génétique présent dans la tumeur cancéreuse », résume la Dre Jabado.

Le DRak espère que cette technologie permettra de tester les enfants plus tôt et d’augmenter leurs chances de survie. En effet, les cancers solides sont les formes les plus mortelles de cancers pédiatriques, avec un taux de mortalité de 20 à 40 % chez les enfants et les adolescents, indique le centre universitaire de santé McGill.

Peu d’études chez les enfants

Des études chez les adultes ont démontré que les biopsies liquides se révèlent prometteuses pour améliorer le diagnostic, le traitement et le suivi des tumeurs solides. « Dans les cancers du poumon par exemple, des biopsies liquides sont faites dans des essais cliniques. On est en train de le faire pour le cancer du sein aussi », indique la Dre Jabado.

Or, les études chez les enfants se font rares. « Mais il y a énormément de besoins », dit la Dre Jabado, qui souhaite que « tous les enfants atteints de cancer » puissent profiter de cette technologie sous peu.

Pour encourager la recherche dans le domaine, la Fondation Charles-Bruneau et la Fondation CIBC ont offert respectivement des dons de 5 millions et de 1 million de dollars au Centre universitaire de santé McGill. La Dre Jabado espère que ces dons en encourageront d’autres à faire de même.