(Québec) Pendant que les salles d’urgence sont plus occupées que jamais, l’heure n’est pas à l’ajout de mesures pour les désengorger, mais plutôt à réussir leur implantation, soutient le ministre de la Santé, Christian Dubé. Un effort particulier sera mené pour les uniformiser.

« Ce n’est plus tellement de nouvelles mesures qu’on a de besoin, mais plutôt de les implanter », a fait valoir Christian Dubé avant la réunion du conseil des ministres – la première de 2023.

Le ministre soutient que « les prochaines semaines seront difficiles » dans les urgences du Grand Montréal, mais que les établissements doivent maintenant déployer les mesures ciblées par la cellule de crise chargée de désengorger les urgences.

Il donne le mandat à son sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux, Daniel Desharnais – qui est aux commandes de la cellule de crise créée en octobre –, d’identifier les « endroits spécifiques » où les mesures annoncées ne sont toujours pas implantées et de les accompagner pour atteindre les « résultats escomptés ».

Par exemple, le « protocole de surcapacité » aux étages annoncé avant les Fêtes n’est pas encore appliqué dans tous les établissements. « Ce n’est souvent pas un manque de volonté, mais [ils] n’ont peut-être pas les ressources ou l’expertise pour le faire », a précisé le ministre.

La Presse rapportait mercredi que les urgences sont plus occupées que jamais après avoir connu une certaine accalmie durant les Fêtes. Le taux d’occupation moyen des urgences de la province s’élevait à 130,7 % mardi, un sommet jamais atteint depuis janvier 2020. Un engorgement dû au manque de personnel. Résultat : le délai de prise en charge des patients s’accroît.

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La durée moyenne de séjour sur civière atteint maintenant 19 h 51, selon le tableau de bord du gouvernement Legault. Ce taux tournait autour de 18 h à la fin novembre.

À l’hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield, le taux d’occupation des urgences était de 270 % mardi matin. La situation est également particulièrement criante dans Lanaudière (taux d’occupation de 200 %), dans les Laurentides (159 %) et en Outaouais (158 %).

Il y a des signes encourageants que les mesures qu’on fait vont être payantes à un moment donné. Mais, on n’a pas encore cet effet-là dans le taux d’occupation.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Mesures annoncées par la cellule de crise 

  • Ouverture de la ligne pédiatrique 811
  • Création de cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS)
  • Protocole de surcapacité aux étages pour libérer les urgences
  • Mis en place d’équipe de fluidité hospitalière (un responsable par établissement pour s’assurer que les patients qui ne nécessitent plus d’être à l’urgence d’être dirigés ailleurs)
  • Augmentation de l’hébergement à domicile

De « l’urgent à l’important »

Christian Dubé amorce la nouvelle année en expliquant qu’il souhaite se concentrer sur les dossiers qui nécessitent l’implantation de mesures « structurantes ». Quand il a pris les commandes du ministère en juin 2020, en pleine crise de la pandémie, c’est connu qu’il avait scindé son travail en deux catégories : l’urgent et l’important. Il dit d’ailleurs voir son rôle comme celui d’un coordonnateur.

« C’est le fun de travailler à éteindre des feux et de régler des urgences, mais moi je ne suis pas là pour ça, je suis là pour avoir des effets structurants qui vont changer les choses », a-t-il affirmé d’emblée, lors de son premier point de presse de l’année. À son arrivée au conseil des ministres mercredi, M. Dubé a par ailleurs affirmé qu’il était « dangereusement en forme ».

« On va essayer de se sortir de l’urgent pour travailler un peu plus sur l’important », a-t-il ajouté alors que les travaux parlementaires doivent reprendre le 31 janvier.

C’est « un mauvais message » à envoyer à la population alors que le réseau craque de partout, a déploré le porte-parole en matière de santé de Québec solidaire, Vincent Marissal. « Je suis désolé de péter sa baloune, mais éteindre des feux, c’est sa job. […] Il essaie de se dégager de sa responsabilité en disant essentiellement que le Ministère, c’est le gestionnaire macro et que le micro, c’est aux gestions locales de le faire. Ça défie toutes formes de responsabilisation ministérielle », a-t-il déploré.

Après avoir déposé une nouvelle mouture de son projet de loi sur l’accès aux données en santé, en décembre, Christian Dubé a dans les cartons la création de l’agence Santé Québec, qui doit aussi passer par une loi, pour améliorer la gouvernance du système de santé.