La pénurie de personnel continue de frapper durement le réseau de la santé. À l’unité psychiatrique de l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, les portes sont fermées depuis une semaine en raison d’un manque de psychiatres, au grand dam des employés, mais surtout des familles des patients.

« C’est un traumatisme pour les patients de devoir changer d’hôpital », déplore Fabienne Bourque, la mère d’un patient trisomique qui a été pris en charge deux fois en psychiatrie à l’Hôpital général du Lakeshore dans les dernières années.

Le 2 décembre dernier, les patients de l’unité psychiatrique de l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île de Montréal, ont été transférés vers l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Aucun préavis n’a été donné aux employés, qui ont été avisés la journée même.

« Les salariés sont très inquiets à la suite de cette fermeture temporaire », indique Johanne Riendeau, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

« Bien que cette décision n’ait pas été facile à prendre, c’était celle qui s’imposait pour offrir des services de qualité à nos patients, en raison d’un manque de psychiatres », a déclaré à La Presse Hélène Bergeron-Gamache, relationniste du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Une unité psychiatrique « essentielle »

Le CIUSSS soutient que cette réorganisation est temporaire. « Nous réintégrerons les patients dès que la situation le permettra », a indiqué Mme Bergeron-Gamache. « L’aile psychiatrique du Lakeshore est essentielle pour la communauté. J’ai vraiment peur qu’ils la ferment de façon permanente », s’inquiète toutefois la mère de famille Fabienne Bourque.

Son fils a toujours eu des soins irréprochables au Lakeshore, dit-elle. Le jeune homme a des problèmes de comportements alimentaires et refuse de manger plusieurs aliments. Lorsqu’il était hébergé dans l’unité psychiatrique, un intervenant l’accompagnait quotidiennement à la cafétéria et lui faisait choisir la nourriture qu’il voulait. « Le Lakeshore, c’est une communauté. C’est plus petit. Ils peuvent se permettre de prendre le temps qu’il faut avec les patients », dit-elle.

Elle craint de devoir amener son fils trisomique à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

C’est un stress pour les patients, qui vont peut-être avoir besoin d’encore plus de services, parce qu’ils ont été transférés plus loin.

Fabienne Bourque, mère de famille

Avec le transfert de patients, « peut-être que certaines familles ne seront pas en mesure d’aller visiter leurs proches aussi souvent », déplore-t-elle. Une trentaine de minutes de route sont nécessaires pour se rendre de l’Hôpital général du Lakeshore à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Pénuries de personnel récurrentes

L’Association des médecins psychiatres du Québec a confié être « préoccupée » et suivre « la situation de près avec l’ensemble des instances impliquées », a déclaré la directrice générale, Martine Dériger. Le CIUSSS leur a assuré que des mesures ont été prises pour bien orienter les patients touchés par la fermeture, dit-elle.

Dans la mesure où les patients ont accès à des services de qualité dans un lieu sécuritaire, la question du lieu de service peut être un inconvénient, mais ne soumet pas les personnes à des risques importants.

Martine Dériger, directrice générale de l’Association des médecins psychiatres du Québec

Le CIUSSS rappelle qu’en tout temps, une personne en détresse peut se présenter aux urgences de l’hôpital de son choix pour recevoir de l’aide.

L’Hôpital général du Lakeshore fait face à des problèmes récurrents de manque de personnel. Dans un rapport rendu le 11 octobre dernier sur les urgences de l’hôpital, on décrivait la situation comme une véritable « bombe à retardement ». Il manquait alors 56 équivalents temps complet aux urgences, soit 52 % des postes. En juin, le manque de personnel infirmier faisait également craindre des interruptions de service.