(Québec) Rôties au beurre d’arachide, bacon, beigne et maintenant pizza. Le gouvernement Legault rappelle à l’ordre les PDG des CIUSSS et CISSS dans la foulée de la multiplication des cas de personnel soignant suspendu pour avoir mangé de la nourriture destinée aux patients.

Le cas d’une infirmière suspendue pour avoir mangé une rôtie au beurre d’arachide à Longueuil, d’abord révélé par Le Journal de Montréal, est loin d’être isolé, selon le syndicat de la Montérégie. La Presse rapportait jeudi matin qu’une préposée aux bénéficiaires avait été suspendue pendant cinq jours durant la pandémie pour avoir mangé une pointe de pizza qui allait être jetée.

Un peu plus tôt cette semaine, Le Journal de Montréal rapportait des cas similaires d’employés ayant mangé un beigne, du bacon ou bu du café. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas caché son irritation devant la révélation de ces situations, alors qu’il tente d’attirer du personnel dans le réseau.

M. Dubé et ses collègues Sonia Bélanger (ministre déléguée à la Santé et aux Aînés) et Lionel Carmant (ministre responsable des Services sociaux) feront une mise au point avec tous les PDG des établissements de santé. La sous-ministre à la Santé, Dominique Savoie, a aussi envoyé jeudi une missive à tous les grands patrons. On y rappelle aux gestionnaires que la sanction doit être proportionnelle au geste reproché.

Mercredi, Christian Dubé a indiqué que le ministère de la Santé et des Services sociaux effectuait une « recherche détaillée » pour savoir ce qui « s’est passé dans plusieurs situations ».

« Jusqu’à présent, ce que j’ai demandé avec ma collègue, la ministre déléguée à la Santé, c’est de bien creuser chacun des cas avant de prendre une position pour s’assurer que l’on comprend exactement ce qui s’est passé », a souligné M. Dubé lors de la période de questions, mercredi.

Les libéraux accusent Christian Dubé de ne pas avoir « le contrôle » de son réseau.

« Les Québécois qui attendent des 15, puis des 20 heures, je pense qu’ils voient bien qu’il n’a pas le contrôle de son ministère. Quand il dit [qu’au] ministère, il y a un problème de culture, […] c’est comme s’il se séparait de son ministère. C’est lui qui est à la tête du ministère, c’est lui qui en est responsable », a décoché le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.

Le député solidaire Vincent Marissal s’en est pris, lui, à la vision du ministre, qui voudrait que d’ici quelques années, les Québécois reçoivent une facture symbolique pour les soins qu’ils reçoivent.

« Est-ce que c’est pour culpabiliser les gens, leur dire : ton infarctus du myocarde a coûté 42 000 $ ? Ça change quoi ? Quel est le but de ça ? », a-t-il questionné jeudi. Il se demande si M. Dubé remet cette idée à l’ordre du jour « pour faire diversion sur les histoires de pizza, de toast et autres ».