(Québec) La Santé publique du Québec recommande aux citoyens de recommencer à porter un masque dans les lieux publics achalandés, dans le contexte où un « trio de virus » respiratoires qui circule dans la province exerce déjà une pression accrue sur les hôpitaux à l’approche des Fêtes.

Contrairement aux mesures qui étaient annoncées au cours de précédentes vagues d’infections à la COVID-19, plus tôt dans la pandémie, le port du masque n’est pas obligatoire. De plus, la Santé publique ne recommande pas à ce stade-ci que les enfants qui fréquentent les écoles ou les garderies portent un masque, étant donné les difficultés associées à l’application d’une telle mesure.

Les trois recommandations de la Santé publique

  • Dans les lieux publics achalandés, porter un masque (sauf dans les écoles et garderies).
  • Laver ses mains pour éviter la propagation particulièrement de l’influenza.
  • En présence de fièvre, rester à la maison. En présence de symptômes, porter un masque.

« Mais attention : lorsqu’un enfant est malade et fait de la fièvre, il doit rester à la maison. Quand il revient […] il porte un masque pendant le temps qu’il a des symptômes. Ces symptômes continuent habituellement de cinq à six jours. Ça, on le recommande », a dit mercredi le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau. Il a précisé qu’il avait consulté des pédiatres pour en arriver à cette décision.

« Après, vous savez, les enfants [peuvent] tousser et avoir le nez qui coule pendant longtemps. L’idée, ce n’est pas de garder le masque pendant trois mois. C’est quand la période est active », a-t-il ajouté.

En point de presse à Québec, le DLuc Boileau a toutefois affirmé qu’il s’attendait à « un cocktail épicé pour les prochaines semaines, sinon pour les prochains mois », car en plus de la COVID-19, la saison grippale est commencée. Le virus de l’influenza circulera de plus en plus au cours des prochaines semaines, a-t-il prévenu. Le Québec fait également face à un nombre important de cas liés au virus respiratoire syncytial (VRS), qui affectent particulièrement les enfants.

C’est comme si nos trois virus s’additionnent un par-dessus l’autre.

Christian Dubé, ministre de la Santé

« Il nous reste quand même 700 à 800 hospitalisations qui sont là à cause de la COVID. Vous rajoutez à ça la couche d’influenza, qui est encore faible pour le moment, et là, vous ajoutez le [VRS], et c’est ça qui fait la charge totale de ce trio de virus », a illustré le ministre de la Santé, Christian Dubé.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, ministre de la Santé, et le DLuc Boileau, directeur national de santé publique

Dans ce contexte, Québec incite les citoyens à porter un masque au cours des prochaines semaines lorsqu’ils fréquenteront des lieux publics, comme les centres commerciaux, alors que commencera entre autres le magasinage de Noël.

« Quand on comprend qu’on est entouré de gens qu’on ne connaît pas trop, dans des files d’attente pour entrer dans un centre d’achats ou un magasin […], [quand] on va au cinéma, on va au théâtre, on est entouré d’autres personnes, on porte le masque. Et ça va nous éviter d’attraper des virus. Ça va nous éviter d’en donner », a dit le DBoileau.

Bien que les lieux de travail ne soient pas concernés par cette recommandation, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) y suggère toutefois le port du masque parmi ses « mesures additionnelles proposées », bien qu’il ne se retrouve pas parmi ses « mesures minimales de base ».

Le facteur de la norme

Reste à voir si la population répondra à cet appel alors que le masque est devenu plus rare depuis que l’obligation de le porter a été levée, au printemps dernier.

« On mesure la fréquence du port du masque dans certaines situations et on est toujours autour du quart ou 20 % [des gens] qui disent le porter toujours au travail ou dans les transports en commun », souligne Ève Dubé, anthropologue médicale à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Or, « un grand facteur qui joue dans le fait d’adopter ce comportement, c’est la norme », ajoute-t-elle.

Quand un grand nombre de gens autour de nous portent le masque, évidemment on va être incité à le porter.

Ève Dubé, anthropologue médicale à l’Institut national de santé publique du Québec

Priorité à la vaccination

À l’approche des Fêtes, la Santé publique recommande aussi aux citoyens d’aller chercher une nouvelle dose d’un vaccin contre la COVID-19, et de celui contre l’influenza pour les groupes à risque de complications liées à la grippe. Christian Dubé a affirmé que le gouvernement consulte le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) quant à la possibilité d’élargir la gratuité du vaccin contre l’influenza à l’ensemble de la population. Or, le CIQ ne recommande pas de le faire pour l’instant. « Le contexte peut évoluer », a-t-il dit.

« Notre défi, […] on ne veut pas avoir la tempête parfaite. C’est pour ça qu’on demande aux Québécois d’agir en amont et de se protéger le plus possible pour limiter l’effet combiné de ces trois virus-là », a affirmé le ministre de la Santé.