(Montréal) Un nouveau programme proposé en ligne vise à réduire le nombre de chutes dont sont victimes les aînés en les aidant à améliorer leur force, leur équilibre, leur flexibilité et leur endurance.

Entre 20 et 30 % des personnes âgées de 65 ans et plus sont victimes d’au moins une chute chaque année, selon les données du gouvernement canadien.

« Si on peut prévenir des chutes, alors on peut non seulement améliorer la qualité de vie des personnes âgées, leur autonomie et leur bien-être, mais aussi diminuer la charge que ça représente pour le système de santé », a expliqué le docteur José Morais, directeur de la division de gériatrie du Centre universitaire de santé McGill qui a piloté le projet de site internet SAFE (soutien aux aînés pour la forme et l’équilibre), où on propose aux aînés une série de vidéos d’exercices physiques à faire à la maison pour réduire leur risque de chute.

Le phénomène des chutes chez les aînés n’a rien de banal et l’impact sur leur santé peut être considérable.

L’Institut national de santé publique du Québec calcule que les aînés de 65 ans et plus ont été victimes de 92 % des décès occasionnés par des chutes entre 2000 et 2019. Ces mêmes aînés ont représenté 71 % des hospitalisations attribuables à des chutes entre 2011-2012 et 2020-2021.

À l’échelle du Canada, les chutes représentent la première cause de blessures chez les aînés, et plus du tiers des personnes âgées hospitalisées à la suite d’une chute sont prises en charge par un établissement de soins de longue durée à leur sortie de l’hôpital.

La moitié des aînés qui survivent à une fracture de la hanche ne retrouvent jamais complètement leurs capacités fonctionnelles, selon le gouvernement du Québec.

« Il y a de fortes chances que la personne âgée qui chute, rechute de nouveau au cours de l’année suivante, alors la prévention, c’est la chose à faire, a dit le docteur Morais. Et la prévention se fait en grande partie par l’exercice physique approprié. Avec l’exercice physique chez les personnes âgées à risque de chute, on a démontré que ça diminue le risque par environ 40 ou 50 %. Il y a une littérature qui supporte ça. »

La programme SAFE, qui a été rendu possible grâce à l’appui financier de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, propose aux aînés des exercices accessibles issus aussi bien de l’expérience des praticiens que de la littérature, ajoute-t-il.

Ces exercices ne nécessitent aucun équipement particulier et pourront être réalisés avec l’aide d’un proche aidant, ce qui aura comme effet bénéfique secondaire de briser l’isolement dont souffrent plusieurs aînés, a dit le docteur Morais, en plus d’avoir des effets positifs sur le sommeil et sur la concentration.

Le programme vise à briser le « cercle vicieux » dans lequel plusieurs aînés qui ont peur de chuter se retrouvent enfermés : plus ils ont peur de chuter, moins ils sont actifs, et moins ils sont actifs, plus leur santé physique et mentale se détériore et plus ils risquent de chuter, a détaillé le docteur Morais.

Le confinement imposé par la pandémie a d’ailleurs illustré de manière éloquente les effets néfastes de l’isolement, a-t-il rappelé.

« La façon de casser ça, c’est par des exercices spécifiques pour ces personnes âgées qui leur permettent d’augmenter la force et la coordination des membres inférieurs, a dit le docteur Morais. Et elles s’en rendent compte : après, elles sont plus en mesure de se mobiliser et on casse le cercle vicieux ; c’est ce que propose le programme SAFE. »