Dans le cadre de ses négociations avec Québec, la FIQ demande d’éliminer les heures supplémentaires obligatoires et le recours au personnel des agences privées de placement. Elle revendique aussi un engagement du gouvernement d’adopter une loi sur les ratios infirmière-patients.

La question des ratios irrite beaucoup les infirmières et les infirmières auxiliaires. Dans un CHSLD (soins de longue durée), une infirmière peut se retrouver seule avec une centaine de patients, déplore en entrevue Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ). Cela pose « un risque d’erreur élevé » et cause « de l’épuisement professionnel ».

Aussi, le recours au fameux TSO (Temps supplémentaire obligatoire) a fait fuir plusieurs infirmières du réseau, qui n’en pouvaient plus des quarts de 16 heures. Il faut trouver le moyen de s’y attaquer pour vrai cette fois-ci, a plaidé Mme Bouchard, en entrevue dans le cadre du dépôt officiel des demandes de la FIQ à Québec.

Pour ce qui est du recours aux agences de placement, Mme Bouchard indique que « c’est en améliorant les conditions de travail dans le réseau public » qu’on rendra le public plus intéressant aux yeux des infirmières. La FIQ croit qu’il faut négocier des mesures pour inciter les infirmières du privé à revenir dans le public.

Et le salaire

Au plan salarial, la FIQ réclame l’Indice des prix à la consommation plus 4 % d’augmentation pour l’année 2023, l’IPC plus 4 % en 2024 et l’IPC plus 4 % en 2025. Elle demande aussi un rattrapage pour la présente année, à cause de l’inflation.

« Les attentes des professionnelles en soins sont très, très, très élevées… probablement même à la même hauteur que l’ensemble des sacrifices qu’elles font depuis beaucoup trop longtemps », a lancé Mme Bouchard.

Parmi ses autres revendications, la FIQ demande également qu’un poste à temps complet puisse se déployer sur quatre jours plutôt que cinq.

Elle réclame aussi des améliorations aux vacances et à l’affichage des horaires. Elle insiste pour que les horaires soient affichés au moins deux semaines à l’avance.

Les relations FIQ-gouvernement

Les relations entre la FIQ et le gouvernement Legault, particulièrement avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ont été orageuses lors de la dernière négociation. La question s’est même retrouvée devant le Tribunal administratif du travail, qui a donné raison à la FIQ, l’été dernier, en concluant à une entrave et à une négociation de mauvaise foi, pour ce qui est de primes qui n’avaient pas été négociées. Mais Québec a depuis interjeté appel de cette décision.

Malgré ces relations tendues entre la FIQ et le gouvernement Legault, Mme Bouchard garde espoir.

« Monsieur Dubé a dit à plusieurs reprises qu’il voulait avoir un changement de culture dans le réseau, au niveau des discussions avec les parties syndicales. Alors maintenant, on espère vraiment que ce soit quelque chose qui va être mis en application », a-t-elle dit.

De son côté, le ministre Dubé s’est plusieurs fois dit conscient des difficultés que posent le manque d’infirmières, la surcharge de travail et les heures supplémentaires obligatoires. Il prépare d’ailleurs une réforme dans la santé. Il a aussi affirmé plusieurs fois qu’il voulait solutionner ces problèmes et faire du secteur public un employeur de choix.

La FIQ représente 76 000 infirmières, infirmières auxiliaires et autres professionnelles en soins – à 90 % des femmes. La FIQ ne fait pas partie du front commun et mènera donc sa propre négociation avec le gouvernement du Québec.

Les conventions collectives du secteur public viendront à échéance le 31 mars prochain. Québec doit déposer ses offres dans les prochaines semaines. Les négociations devraient débuter après les Fêtes.