Des infirmières en étaient dimanche soir à leur quatrième ou même cinquième quart de travail allongé par du temps supplémentaire obligatoire (TSO) en une semaine à l’Hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield. Le Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Ouest (FIQ-SPSMO) dénonce de « l’esclavagisme organisationnel ».

Dans une photo transmise à La Presse dimanche soir, on peut voir les mains d’une douzaine d’infirmières qui portent des bracelets sur lesquels on peut lire le nombre de quarts de TSO qu’elles se sont fait imposer dans la dernière semaine. Au moins six en sont à leur troisième TSO aux urgences de l’Hôpital du Suroît. Au moins une en est à son quatrième, et une autre, à son cinquième.

PHOTO FOURNIE

Dans une photo transmise à La Presse dimanche soir, on peut voir les mains d’une douzaine d’infirmières qui portent des bracelets sur lesquels on peut lire le nombre de quarts de TSO qu’elles se sont fait imposer dans la dernière semaine.

« Elle a fait cinq fois 16 heures » cette semaine, explique Mélanie Gignac, présidente du syndicat. « Ces gens-là ont des familles aussi, des enfants, une vie, déplore-t-elle. On prive ces employées-là de leur vie présentement. »

« On est victimes au CISSS [de la Montérégie-Ouest] d’esclavagisme organisationnel », affirme-t-elle.

Les infirmières n’ont pas souhaité commenter publiquement par crainte de subir des représailles de la part de leur employeur, selon Mme Gignac.

Problèmes récurrents

L’Hôpital du Suroît fait face à des problèmes récurrents, alors que la pression augmente dans la plupart des urgences de la province. La semaine dernière, on y a même refusé des cas moins urgents et détourné des ambulances vers un autre hôpital1.

Dimanche soir, les urgences de l’Hôpital du Suroît affichaient un taux d’occupation de 150 %, contre 107 % pour le Québec au complet.

Ces urgences font face à un grave problème de pénurie de main-d’œuvre, alors que seulement 5 des 17 postes d’infirmière nécessaires pour couvrir le quart du soir sont pourvus. « Tous les soirs, ce sont des gens de jour qui restent en TSO ou des gens de nuit qui entrent quatre heures plus tôt […] pour un peu sauver les meubles », explique Mme Gignac.

« Chez nous, présentement, on vit sur une carte de crédit », illustre-t-elle.

Appel au ministre

Le directeur des activités hospitalières à l’Hôpital du Suroît, Dominique Pilon, a admis la semaine dernière que son établissement est durement touché par le manque de personnel. Il a cependant assuré faire des efforts de recrutement importants, ce que reconnaît Mme Gignac.

« Je comprends qu’on cherche des gens, mais là, il va falloir que le ministre fasse quelque chose, il n’y a personne chez nous », ajoute-t-elle cependant. Selon elle, le manque d’infirmières s’explique notamment par des conditions de travail moins attrayantes dans le réseau public qu’au privé.

Le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a souligné la semaine dernière que des solutions sont déployées pour s’attaquer à ce problème, dont l’embauche de professionnels de la santé, le déploiement du Guichet d’accès à la première ligne et des soins à domicile, l’ajout de lits dans le réseau, l’aménagement des horaires et le « décloisonnement des professions ».

1. Lisez « Des urgences occupées comme jamais »