Qu’est-ce que le virus respiratoire syncytial (VRS) ?
C’est un virus qui provoque une infection des poumons et des voies respiratoires. Il circule chaque année pendant la saison froide, et ce, « depuis des décennies », dit le Dr Christos Karatzios, infectiologue pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Mais ce mois-ci, le nombre d’infections chez les enfants « monte en flèche », relève-t-il. Dans la dernière semaine, le taux de positivité s’est élevé à 11 %, indique la Dre Rodica Gilca, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec. « Avant la pandémie, c’était environ 1 %. C’était vraiment très bas », affirme-t-elle.
Quels sont les symptômes ?
Chez les adultes et les enfants de plus de 2 ans en bonne santé, le virus provoque principalement des symptômes semblables au rhume, soit un écoulement nasal, de la toux et de la fièvre, énumère le Dr Karatzios. Chez les nourrissons et les enfants immunodéprimés, le virus peut toutefois causer de nombreux problèmes. « Certains d’entre eux ne peuvent pas respirer, parce que leurs poumons sont pleins de mucus, et la plupart du temps ils ont besoin d’oxygène ou d’intubation », dit le spécialiste. « Pour la population pédiatrique, c’est beaucoup plus dangereux que la COVID-19 », renchérit le Dr Antonio D’Angelo, chef des urgences du CHU Sainte-Justine.
Quelles sont les répercussions de cette hausse des infections dans les hôpitaux ?
À l’Hôpital de Montréal pour enfants, environ 70 à 80 % des enfants se présentant avec un virus respiratoire ont contracté le VRS, indique le Dr Karatzios. « Les enfants sont très malades. » La semaine dernière, deux enfants hospitalisés sur l’étage du Dr Karatzios ont dû être transférés aux soins intensifs. « Les soins intensifs débordent et les urgences débordent. On est à presque 200 % de la capacité », déplore-t-il. La situation est semblable au CHU Sainte-Justine. « Nos soins intensifs sont remplis de patients respiratoires. On ne sait plus où mettre les patients malades », s’exclame le Dr D’Angelo.
Comment se transmet le virus ?
« Il se transmet par les sécrétions respiratoires des personnes malades, notamment quand les gens éternuent ou touchent des surfaces », indique la Dre Gilca. Le virus peut rester dans l’environnement pendant quelques heures, précise la spécialiste. « C’est extrêmement contagieux », ajoute le Dr D’Angelo.
Pourquoi y a-t-il une forte hausse en ce moment ?
« Pendant les deux premières années de la pandémie, il y avait des mesures de santé publique mises en place, donc il n’y a presque pas eu de circulation des virus habituels que l’on connaît. C’était juste la COVID-19 », explique la Dre Gilca. De nombreux enfants n’ont jamais contracté le VRS, ils n’ont donc pas développé d’immunité contre celui-ci. « Quand on a assoupli les mesures, ça a ouvert la porte aux autres virus et ils ont commencé à se propager », dit-elle. Un pic d’infection du virus VRS a également eu lieu à l’été 2021, peu après l’assouplissement de mesures sanitaires, rappelle le Dr Karatzios.
Comment se protéger ?
Il faut se laver les mains, éviter le contact avec les personnes malades et ne pas toucher son visage avec ses mains, énumère le Dr Karatzios. Il suggère par-dessus tout d’améliorer l’état de la ventilation dans les écoles. « Après bientôt trois ans d’une pandémie respiratoire, c’est vraiment frustrant de ne pas voir une directive ou un plan concret par le Ministère ou les autorités concernant l’air dans les écoles », dit-il.
Quand se présenter à l’hôpital ?
Un enfant de moins de 3 mois avec un virus respiratoire et de la fièvre devrait immédiatement être vu aux urgences, estime le Dr Karatzios. Les enfants plus âgés qui ne sont plus en mesure de s’alimenter, qui doivent prendre de grandes respirations ou qui changent de couleur doivent également se rendre immédiatement aux urgences, indique-t-il. Pour les autres enfants, le Dr Karatzios recommande de les garder quelques jours à la maison, afin d’éviter qu’ils infectent leur entourage. Le nettoyage nasal avec une solution saline peut être effectué pour faciliter la respiration, tandis que de l’acétaminophène ou de l’ibuprofène peut être donné à l’enfant pour le soulager.