(Saint-Jean) Alors que les systèmes de santé sont aux prises actuellement avec une pénurie de médecins, la présidente sortante de l’Association médicale canadienne suggère de créer un système unique national pour délivrer les permis de pratique — et certaines provinces sont d’accord avec cette idée.

À l’heure actuelle, chaque province délivre ses permis de pratique médicale sur son territoire. La docteure Katharine Smart estime dans une récente entrevue que ce système est très lourd et coûteux, en particulier pour les médecins formés à l’extérieur du Canada.

Elle croit qu’un régime national d’octroi de permis de pratique permettrait de vérifier les compétences des médecins formés à l’étranger, par le biais d’un mécanisme unique et allégé, pour tout le pays.

« Ça n’a pas vraiment de sens que (toutes) les provinces accréditent indépendamment chaque université ou chaque pays, a déclaré Mme Smart. Il serait logique que ce soit fait une seule fois, pour tout le pays. »

La docteure Smart, qui est pédiatre à Whitehorse, au Yukon, soutient que les médecins formés à l’étranger arrivent au Canada dans l’espoir de pratiquer leur profession, mais sont souvent bloqués par un processus coûteux et compliqué de délivrance de permis.

Elle croit que plusieurs de ces médecins partent finalement pour d’autres pays où il est plus facile de pratiquer. « Plusieurs ne sont jamais capables d’entrer dans le système et de pratiquer enfin la médecine. »

La question de la lourdeur des systèmes pour les médecins formés à l’étranger a récemment atteint son paroxysme dans plusieurs provinces. Le mois dernier, la ministre de la Santé de l’Ontario, Sylvia Jones, a demandé aux ordres professionnels de la province d’élaborer des plans pour accréditer plus rapidement des médecins et des infirmières formés à l’étranger.

« Le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario a déjà pris des mesures pour faciliter (l’accréditation) interprovinciale avec aussi peu qu’un jour de préavis, pour répondre aux besoins urgents », a assuré mercredi le porte-parole de l’ordre professionnel, Shae Greenfield, dans un courriel. Il a ajouté que le Collège avait également proposé au gouvernement de créer une nouvelle classe d’inscription temporaire, « spécialement conçue pour appuyer la mobilité entre les provinces et territoires ».

D’autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador, s’efforcent de rationaliser actuellement leurs procédures, alors qu’elles accueillent des médecins ukrainiens qui fuient la guerre dans leur pays.

Le Collège des médecins et chirurgiens de Terre-Neuve-et-Labrador veut bien « explorer le concept de mobilité des médecins à travers le Canada, tout en maintenant notre mandat de protection du public », selon une déclaration transmise par courriel jeudi.

En Nouvelle-Écosse, le docteur Gus Grant, registraire du Collège des médecins et chirurgiens, croit que l’idée d’un système national d’octroi de permis de pratique a du mérite, même s’il s’agirait alors d’une énorme entreprise administrative.

Entre-temps, M. Grant souligne que les quatre provinces de l’Atlantique discutent des moyens de coordonner leurs mécanismes d’octroi de permis dans la région de l’Atlantique. « Je pense que c’est plus facilement et plus rapidement réalisable, a-t-il dit. Je suis très enthousiaste de constater l’élan vers cette collaboration en ce moment. »