(Montréal) Des chercheurs québécois affirment que la grippe aviaire a été détectée chez au moins deux espèces de phoques, et ils craignent que le virus soit à l’origine d’un nombre inhabituellement élevé de phoques morts trouvés sur les côtes au Québec cette année.

Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, un groupe de recherche, rapporte qu’une centaine de carcasses de phoques communs ont été retrouvées depuis janvier le long du fleuve Saint-Laurent dans l’est du Québec, soit près de six fois plus que la moyenne annuelle.

Le Réseau indique mercredi qu’en juin seulement, le nombre de carcasses de phoques avait atteint 65. Or, la grippe aviaire, une maladie qui sévit dans les populations d’oiseaux sauvages à travers le pays depuis le début de l’année, « a vite été suspectée de jouer un rôle dans cette hausse de mortalité » chez les phoques, indique l’organisme.

Stéphane Lair, professeur de médecine vétérinaire à l’Université de Montréal, a déclaré mercredi qu’une quinzaine de ces phoques communs avaient été déclarés positifs pour la grippe aviaire H5N1, hautement pathogène. Il a aussi indiqué qu’un premier cas avait été détecté la semaine dernière chez un phoque gris, une autre espèce de ce mammifère amphibie.

Le professeur Lair indique que ces phoques sont très probablement entrés en contact avec des carcasses de canards eiders infectés lorsqu’ils sont venus à terre pour mettre bas, au début de l’été.

« Certains phoques, dont le phoque gris, sont connus pour se nourrir d’oiseaux sauvages […], mais pas les phoques communs, a précisé le professeur Lair en entrevue mercredi. Mais ils sont curieux, ils vont venir sentir les carcasses. »

Jean-François Gosselin, biologiste à Pêches et Océans Canada, affirme qu’il s’agit des premiers cas signalés au Québec de transmission du virus des oiseaux sauvages aux mammifères marins. Les premiers cas de grippe H5N1 seraient arrivés en Amérique du Nord à la fin de l’hiver, impliquant des oiseaux ayant migré d’Europe.

Selon M. Gosselin, le nombre de phoques morts signalés jusqu’ici sous-estime probablement la réalité. « Il est déjà difficile de compter le nombre de phoques vivants […] les carcasses échouées ou flottant entre les rochers, c’est encore plus difficile », a déclaré le biologiste. Il a ajouté qu’il était difficile de surveiller toute la transmission, qui affecte très probablement d’autres espèces — terrestres et marines.

MM. Gosselin et Lair ont tous les deux insisté pour rappeler qu’il n’y avait aucune menace de transmission à l’humain et que la population de phoques n’était pas en péril.

« C’est normal avec un virus exotique […] c’est un nouveau virus qui pénètre dans une nouvelle population jamais infectée, a expliqué le professeur Lair. Le taux de mortalité sera bien plus élevé que si le virus circulait déjà naturellement. »

Le biologiste Gosselin ajoute d’ailleurs que « nous devons faire attention à tous les prédateurs ou animaux qui pourraient être en contact avec des oiseaux sauvages ».

Les deux scientifiques ont recommandé aux gens d’éviter d’approcher ou de toucher les carcasses d’animaux et d’éloigner leurs animaux de compagnie, en particulier les chiens.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.