(Rouyn-Noranda) La Fonderie Horne devra établir un plan de réduction de ses émissions d’arsenic « à un niveau qui est sécuritaire pour la population » de Rouyn-Noranda, faute de quoi Québec pourrait ordonner sa fermeture, a affirmé le premier ministre, mardi.

François Legault a également ouvert la porte à un soutien financier public pour aider l’entreprise appartenant à la multinationale Glencore à atteindre cet objectif.

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François Legault, premier ministre du Québec

« Mais c’est clair que l’entreprise devra investir des montants importants, on parle de centaines de millions de dollars, pour atteindre un niveau où la santé des citoyens n’est pas remise en question », a-t-il précisé, lors d’un déplacement à Repentigny.

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, espère encore éviter d’en arriver à la fermeture de cet « acteur économique important » de la ville, mais reconnaît qu’il s’agit d’une possibilité.

« J’ai encore confiance qu’on va trouver des solutions », a-t-elle déclaré lors d’un entretien avec La Presse, mardi.

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Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

« Dans un monde idéal, la fonderie réussirait à réduire ses émissions », a-t-elle ajouté, précisant qu’elle souhaitait une réduction de tous les métaux lourds, et pas seulement de l’arsenic.

La mairesse, qui dit avoir sollicité une rencontre avec le premier ministre dans les derniers jours, réitère la demande du conseil municipal adressée à Québec pour un « plan global centré sur la santé des citoyens » d’ici six mois.

Au-delà de la réduction des émissions, il faut prendre les gens en charge, effectuer un dépistage au sein de la population et assurer les soins et le soutien requis, plaide-t-elle, évoquant l’anxiété de la population.

La mairesse ne précise pas d’échéancier ni de cible pour la réduction des émissions de la fonderie, disant s’en remettre aux spécialistes.

Épouvantails

François Legault a une nouvelle fois échoué à donner une cible de réduction concrète à la fonderie, a déploré en réaction à la sortie du premier ministre la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien.

« Ça fait quatre ans qu’ils disent : “Il faut qu’ils réduisent [leurs émissions]”, mais qu’est-ce qu’ils ont demandé ? », a-t-elle dit lors d’un entretien avec La Presse dans les rues du quartier Notre-Dame, voisin de la fonderie.

Elle s’offusque que le cabinet du premier ministre se soit attribué, lundi, les mérites de la réduction des émissions de la fonderie depuis l’élection du gouvernement caquiste, alors que ces réductions étaient prescrites dans l’attestation d’assainissement émise par le gouvernement libéral précédent.

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Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue

Ce qui me fâche, c’est qu’ils agitent des épouvantails avec la solution la plus extrême de fermer la fonderie. Commencez donc par exiger la norme des 3 nanogrammes [d’arsenic par mètre cube d’air], puis la fonderie prendra ses décisions elle-même après.

Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue

La fonderie déterminée à améliorer la situation

Les propos de François Legault ont fait réagir la Fonderie Horne, qui a indiqué ne pas souhaiter mettre fin à ses activités.

« Nous sommes déterminés à améliorer la situation en réduisant nos émissions », a affirmé dans une déclaration écrite transmise aux médias la porte-parole de l’entreprise, Cindy Caouette, disant avoir « pris acte » des propos du premier ministre.

« Nous sommes engagés dans un processus de transformation majeure de nos installations, qui fera de cette fonderie de 95 ans l’une des plus modernes de l’industrie », a-t-elle indiqué.

La fonderie affirme que ses propositions, qu’elle n’a pas détaillées, permettront « de répondre aux préoccupations exprimées ».

Avec la collaboration de William Thériault, La Presse

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  • 1927
    Année du début des activités de la Fonderie Horne, qui comptait aussi une mine jusqu’en 1976
    Source : Fonderie Horne