(Rouyn-Noranda) Le nouveau directeur national de santé publique du Québec dévoilera mercredi à Rouyn-Noranda le document portant sur les cas de cancer dans la ville que son prédécesseur avait promis en septembre 2019, 33 mois plus tôt.

Le Dr Luc Boileau prendra part à une conférence de presse en milieu d’avant-midi pour « présenter un état de la situation concernant la santé environnementale à Rouyn-Noranda », a indiqué dans un communiqué le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT).

Il sera principalement question de l’avis de l’INSPQ [Institut national de santé publique du Québec] portant sur l’évaluation du risque cancérigène attribuable aux concentrations d’arsenic et de cadmium dans l’air de la ville de Rouyn-Noranda.

Sarah Charbonneau, porte-parole du CISSSAT

Ce document avait été invoqué il y a plus de 33 mois par le prédécesseur du DBoileau, Horacio Arruda, pour justifier de ne pas publier à ce moment des informations évoquant le « facteur aggravant » que constituent les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne, sise au cœur de la ville, en matière de cancer du poumon.

Le DArruda affirmait alors, en septembre 2019, qu’un rapport spécifique sur la question, contenant des informations « plus poussées », suivrait.

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Émissions trop élevées, selon François Legault

Le cabinet du premier ministre François Legault a estimé que « la Fonderie Horne doit réduire ses émissions d’arsenic, c’est une évidence ».

La norme québécoise limite les concentrations d’arsenic à 3 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/m⁠⁠3), mais Québec autorise la Fonderie Horne à générer des concentrations de 100 ng/m⁠⁠3.

« Nous n’excluons aucun scénario pour assurer le bien-être de la population », a indiqué dans une déclaration transmise à La Presse Ewan Sauves, attaché de presse du premier ministre.

Les émissions de la fonderie ont « diminué grandement » depuis l’élection du gouvernement caquiste, a-t-il souligné.

Mais soyons clairs : c’est beaucoup trop élevé encore.

Ewan Sauves, attaché de presse du premier ministre Legault

Le processus de renouvellement de « l’attestation d’assainissement » de la fonderie, en vertu de laquelle elle est autorisée à émettre des contaminants, est en cours, rappelle le cabinet du premier ministre.

La future attestation « comprendra une nouvelle baisse des émissions », assure M. Sauves.

Des ordres professionnels sautent dans la mêlée

La perspective d’une réduction des émissions au terme de l’actuelle attestation de la Fonderie Horne, qui vient à échéance en décembre prochain, apparaît toutefois trop éloignée aux yeux de certains.

« On doit rapidement mettre en place des mesures pour assurer une meilleure qualité de l’air » à Rouyn-Noranda, a déclaré lundi le Collège des médecins du Québec, dans un gazouillis sur le réseau social Twitter.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Plus de 43 000 personnes habitent à Rouyn-Noranda.

L’ordre professionnel des médecins québécois réagissait à la lettre ouverte publiée par une cinquantaine de médecins de Rouyn-Noranda et d’ailleurs en Abitibi-Témiscamingue demandant au premier ministre Legault de forcer la fonderie à réduire « sans délai » ses émissions polluantes.

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« Les données scientifiques sont claires. La santé des citoyens de Rouyn-Noranda est primordiale », a pour sa part déclaré le Collège des médecins du Québec.

L’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) a lui aussi sauté dans la mêlée, lundi, demandant au gouvernement d’agir « avec diligence » dans ce dossier.

L’organisme « se questionne » sur les suites données par le gouvernement et la multinationale Glencore, propriétaire de la fonderie, aux études de biosurveillance de 2018 et 2019, qui ont révélé des taux élevés d’arsenic dans les ongles des enfants et des adultes du quartier Notre-Dame, voisin de l’entreprise.

« Il nous semble improbable que les personnes responsables de part et d’autre n’aient toujours rien entrepris », affirme dans un communiqué le président de l’OCQ, Michel Alsayegh, ajoutant que « l’arsenic dans l’air peut être efficacement détecté et seuls les chimistes peuvent intervenir en tant que rempart ».

En savoir plus
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    Les concentrations d’arsenic dans les ongles des résidants du quartier Notre-Dame sont en moyennes quatre fois plus élevées que celles observées auprès de la population témoin d’Amos, qui n’y est pas exposé.
    SOURCE : Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT)