Le DMarc Lacroix a « dépassé la limite de ce qui est acceptable » en invitant à la radio la population à « cesser d’écouter l’OMS » au début de la pandémie et a ainsi contrevenu au code de déontologie de sa profession, peut-on lire dans une récente décision du Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec.

Le DLacroix a été reconnu coupable de deux chefs d’infraction qui pesaient contre lui par deux des trois membres du Conseil de discipline. Il a été acquitté de cinq autres. Le Conseil de discipline avait été appelé à se prononcer sur des propos tenus par le médecin de famille lors d’entrevues à la radio au printemps 2020 ainsi que publiés sur sa page Facebook.

Le DLacroix est le fondateur et président de Lacroix Médecine privée, un réseau qui compte huit cliniques médicales privées à travers la province. La sanction du DLacroix reste à déterminer.

PHOTO TIRÉE DU PROFIL LINKEDIN DE MARC LACROIX

Le Dr Marc Lacroix

Au printemps 2020, en tout début de pandémie, le DLacroix avait « accordé plusieurs entrevues radiophoniques dans lesquelles il commentait les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement du Québec », peut-on lire dans la décision du Conseil de discipline, rendue le 23 juin.

Le 8 mai 2020, sur les ondes de CHOI 98,1 FM avec l’animateur Jeff Fillion, par ailleurs porte-parole des cliniques Lacroix, le DLacroix a notamment déclaré : « Moi, je pense que l’OMS [Organisation mondiale de la santé], dès le début, n’a pas été crédible dans cette crise-là, a caché de l’information au monde entier en sachant très bien qu’en Chine, il se passait quelque chose de sérieux. Donc, cessons d’écouter l’OMS. »

Dans la décision, deux des trois membres du Conseil de discipline indiquent qu’un « médecin qui prend la parole publiquement n’a pas la même liberté qu’un citoyen ordinaire vu son statut et la portée de ses opinions sur la population ».

Pour eux, le fait que le DLacroix ait « attaqué sans réserve l’OMS en l’accusant de cacher de l’information » n’est « pas digne d’un médecin ». « Le DLacroix est allé trop loin. Ses propos manquaient de retenue et de nuances », est-il écrit dans la décision.

Des propos sur Facebook

Entre le 19 et le 29 juillet 2020, le DLacroix a aussi publié plus d’une quarantaine de messages sur Facebook, dont des photos du DHoracio Arruda accompagnées du mot « bouffon ». Le DLacroix a également écrit « Folie pure » au-dessus d’une photo de Geneviève Guilbault accompagnée de la mention « Le port du masque obligatoire jusqu’à la découverte d’un vaccin ».

Le DLacroix avait aussi publié une photo du DArruda et de François Legault en dessous de laquelle on posait une question avec un choix de réponses : « Ces messieurs sont-ils 1- Alzheimer ? 2- Crétins ou incompétents ? 3- Malveillants ? 4- Engagés à un agenda caché ? 5- Soumis à des ordres supérieurs ? »

Deux des trois membres du Conseil de discipline estiment que « le DLacroix ne cesse pas d’être médecin lorsqu’il exprime ses opinions sur les réseaux sociaux » et que plusieurs publications sur le profil Facebook du DLacroix constituent « des actes dérogatoires à l’honneur et à la dignité de la profession ». Le troisième membre du Conseil de discipline a exprimé sa dissidence et aurait acquitté le DLacroix sur l’entièreté des chefs d’infraction.

Une trentaine de plaintes

Une trentaine de plaintes du public avaient été reçues par le Collège des médecins au sujet du DLacroix à l’été 2020.

Rencontré par le Bureau du syndic de son ordre professionnel, le DLacroix s’était engagé à ne plus accorder d’entrevues concernant la COVID-19 et à fermer ses comptes Facebook.

Mais un citoyen, le sténographe Olivier Bolduc, qui fait aussi de la politique pour Québec solidaire, a déposé une plainte privée contre le DLacroix an août 2020. La plainte contenait au départ 12 chefs d’infraction. Mais certains chefs ont été retirés par M. Bolduc ou rejetés par la cour. Si bien que seuls sept chefs restaient.

Dans une déclaration écrite, le DLacroix indique que « trois membres du Conseil de discipline [l]’ont unanimement acquitté sur cinq des sept chefs d’infraction ». Effectivement, quatre chefs d’infraction reprochaient au DLacroix d’avoir tenu des propos qui allaient à l’encontre des données de la science médicale.

Si plusieurs de ses propos n’étaient « pas souhaitables de la part d’un médecin dans un contexte de pandémie mondiale », surtout considérant que le DLacroix n’a pas d’expertise en santé publique, le Conseil de discipline estime qu’ils étaient « à la limite de ce qui est acceptable ».

Le Conseil de discipline a aussi unanimement écarté le chef d’infraction qui reprochait au DLacroix d’avoir invité sur Facebook les citoyens à participer à une manifestation contre le port du masque obligatoire. Encore là, le Conseil estime que le DLacroix a agi « à la limite de ce qui est déontologiquement acceptable ».

« Bien que nous nous réjouissions de l’acquittement de cinq des sept chefs restants à la plainte privée, la procédure disciplinaire n’est toujours pas finale tant que la sanction sur les deux chefs restants n’aura pas été entendue », écrit le DLacroix, qui précise que ses avocats « procéderont à l’analyse de la décision ».