Dans la foulée des enjeux soulevés dans la série documentaire Loto-Méno de Véronique Cloutier, Québec élargit l’accès à l’hormonothérapie pour le traitement des symptômes de la ménopause. Deux hormones bio-identiques seront désormais couvertes par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Le ministre Christian Dubé confirmera mercredi que l’estradiol-17B sous forme de gel topique et la progestérone micronisée seront ajoutés à la liste de médicaments classiques couverts par la RAMQ. Ces deux hormones bio-identiques étaient jusque-là couvertes, mais selon plusieurs critères et conditions. Ces conditions tombent à partir de ce mercredi pour en améliorer l’accès, a-t-on appris.

C’est que le ministère de la Santé et des Services sociaux a entamé des négociations avec le fabricant Organon pour réduire les coûts de ces deux hormones bio-identiques, permettant ainsi des conditions économiques plus favorables au remboursement. Le prix payé par Québec n’a pas encore été dévoilé.

Pour l’heure, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) recommande que l’estrogel et la progestérone micronisée soient des médicaments d’exception en raison de leur coût plus élevé par rapport à des traitements équivalents offerts. Le ministre de la Santé et des Services sociaux décide cependant des médicaments couverts par la RAMQ.

Les démarches du gouvernement Legault ne sont pas étrangères à la série documentaire Loto-Méno de l’animatrice Véronique Cloutier, diffusée il y a un an. Les trois épisodes de 45 minutes au cours desquels Mme Cloutier brise le tabou entourant les symptômes de la périménopause et de la ménopause et le manque d’informations offertes aux femmes ont fait grand bruit au Québec.

Véronique Cloutier avait d’ailleurs rencontré le ministre Christian Dubé dans le cadre de sa série.

« J’ai demandé à ce qu’il ait une négociation avec les fabricants. Il y a des fabricants qui ont une conscience sociale pour faire une différence pour les femmes. […] Vous m’avez vraiment sensibilisé », avait-il alors déclaré à l’animatrice. Le ministre revient dans l’épisode Loto-Méno épilogue, qui sera dévoilé mercredi. Il confirmera les changements apportés à la couverture.

Un accès élargi réclamé

Une pétition lancée l’an dernier par la Dre Sylvie Demers, qui intervient également dans la série, a maintenant plus de 260 000 signatures. Le document demande que l’Assemblée nationale intervienne auprès de l’INESSS pour que la RAMQ « offre la couverture universelle des hormones féminines bio-identiques […] afin d’offrir aux Québécoises le choix d’une hormonothérapie féminine la plus sécuritaire possible ».

La pétition demande également à Québec « d’intervenir auprès des instances concernées pour assurer une formation adéquate en hormonothérapie ainsi que sur les rôles multisystémiques des hormones féminines aux médecins québécois ».

Il n’est pas question pour Québec d’offrir les deux hormones bio-identiques (l’estradiol-17B et la progestérone micronisée) en couverture universelle, mais plutôt de faire tomber les barrières liées à leur accès grâce à un coût renégocié avec le fabricant.

Les femmes qui voudront obtenir ce traitement devront malgré tout avoir en main une ordonnance de leur médecin.

Des experts avaient par ailleurs fait valoir leurs préoccupations dans un long reportage de La Presse sur le fait que le recours aux hormones bio-identiques soit présenté dans le documentaire comme un remède miracle1.

L’annonce du gouvernement Legault s’accompagnera néanmoins de la production d’un nouveau guide d’usage destiné aux médecins et professionnels de la santé dans le but d’assurer « une meilleure prise en charge de la ménopause ». C’est l’INESSS qui obtiendra le mandat de réaliser un tel document.

Un reportage de l’émission Enquête avait par ailleurs fait la démonstration que les femmes qui bénéficient d’une assurance privée ont davantage recours à l’estradiol et à la progestérone micronisée que les femmes assurées par la RAMQ.

1. Lisez « Loto-Méno : il n’y a pas de complot »