La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a assuré mercredi que le gouvernement Legault mettra en place les recommandations du rapport de la coroner Géhane Kamel, publié lundi, qui s’est penchée sur les décès survenus en CHSLD au printemps 2020.

« On a l’intention de mettre en place ses recommandations, tout comme on met en place celles du Commissaire au bien-être ou du Protecteur du citoyen », a fait valoir Mme Blais lors d’une conférence de presse tenue à Laval, où Québec inaugurait un nouveau CHSLD s’apparentant à ses « Maisons des aînés ».

Dans son rapport, lundi, la coroner Géhane Kamel a émis plus d’une vingtaine de recommandations, dont le rehaussement de la formation des infirmières en CHSLD. Elle invite aussi le gouvernement à « faire une rétrospective des évènements par le véhicule qu’il jugera approprié ». « Nous sommes à la croisée des chemins. Cette tragédie qui aura malheureusement marqué l’histoire du Québec doit nous pousser à innover et à sortir des paradigmes institutionnels », notait-elle.

Répétant à plusieurs reprises qu’elle s’abstiendra de commentaires sur le fond du rapport – préférant attendre que Mme Kamel le fasse elle-même –, la ministre caquiste a toutefois réitéré que plusieurs recommandations comprises dans le rapport ont « déjà été mises en place » dans la Politique d’hébergement et des soins de longue durée, annoncée l’an dernier.

Mardi, François Legault avait aussi rappelé avoir déjà posé plusieurs actions, citant notamment l’ajout de préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD, l’augmentation de leur rémunération, la mise en place « d’un patron pour chaque CHSLD » et « l’embauche de personnel en prévention des infections ». « Il faut plus d’imputabilité d’en haut jusqu’en bas », avait-il aussi soutenu, en ajoutant que le « premier ministre et le ministre de la Santé ne peuvent pas commencer à gérer ce qui se passe dans tous les établissements de santé au Québec ». « Quand quelqu’un ne gère pas bien, il faut changer de gestionnaire », a-t-il illustré.

Transformer les milieux

Pour Marguerite Blais, l’essentiel sera de « transformer nos milieux d’hébergement » et « d’embaucher plus de personnes, en leur donnant plus de prévisibilité ». « Si on offre des endroits où le personnel peut se reposer, prendre du temps, […] je pense que ça va fonctionner. Il faut toujours niveler vers le haut. On a besoin de personnel dans nos milieux. Le passé a fait en sorte qu’on a coupé énormément. », a-t-elle glissé.

« Il ne faut pas avoir peur de dire qu’on aménage de nouveaux milieux de vie, mais qu’on pense qu’on va manquer de personnel. C’est un grand défi, je ne veux pas avoir de lunettes roses, mais il faut le prendre aussi avec positivité », a encore insisté l’élue, pour qui la rétention passera aussi par de meilleurs salaires.

On a vécu une tragédie au Québec. Il ne faut plus que ça se répète. Ça prend une attention de tous les instants envers les plus vulnérables de notre société.

Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés

Celle qui se retirera de la vie politique à l’issue de son mandat implore par ailleurs les élus « d’arrêter d’opposer places d’hébergement et maintien à domicile ». « On ne veut pas faire deux classes d’hébergement. Il faut absolument aussi tirer vers le haut les autres CHSLD », a-t-elle conclu, en disant militer pour une « philosophie de la bientraitance » partout au Québec.

« Mea culpa »

Plusieurs décisions douteuses, dont une « d’une rare insensibilité », ont été prises au CHSLD Herron, écrit aussi MKamel dans son rapport, ajoutant même que « le suivi a été fait de manière esthétique » dans cet établissement, où 47 résidants sont décédés en peu de temps à la fin de mars et au début d’avril 2020.

Interpellée à ce sujet mardi, la ministre Blais est demeurée prudente, répétant simplement avoir déjà fait son « mea culpa » dans ce dossier.

De manière plus personnelle, Géhane Kamel a par ailleurs jugé que Marguerite Blais avait livré le témoignage « le plus crédible malgré le discours formaté pour la présente enquête », parlant aussi de « l’apport indéniable » de la ministre et de sa sous-ministre durant la crise. « Je ne vais pas commenter ce qu’elle a dit sur moi, ce n’est pas important mon moi. Ce qui est important est que la société et tout gouvernement futur se préoccupent des plus vulnérables de notre société », a insisté Mme Blais.

Avec Ariane Lacoursière, La Presse