(Magog) Québec abandonne l’idée de nationaliser l’ensemble des CHSLD privés.

Cette idée, maintes fois évoquée par le premier ministre François Legault durant la pandémie, notamment à la suite de l’hécatombe survenue au CHSLD Herron, a finalement fait place à une approche à la pièce.

De passage vendredi à Magog, en Estrie, pour une annonce sur des infrastructures sportives, le premier ministre a déclaré qu’il n’a pas l’intention de réparer ce qui fonctionne, comme le veut l’expression consacrée.

« Je pense que c’est du cas par cas, parce qu’il y a des CHSLD privés qui donnent d’excellents services. »

« Il y a des CHSLD qui ne donnent pas des bons services. De deux choses l’une : ou ils améliorent leur service, ou on regarde la possibilité de les nationaliser. »

Le premier ministre a ainsi dit vouloir se tenir loin d’une approche mur à mur.

« Moi, je ne suis pas dogmatique. Il y a des partis que je ne nommerai pas pour qui le privé, on ne touche pas à ça. Moi, je viens du privé et il y a des CHSLD privés qui font une bonne job. L’important, c’est que les CISSS et les CIUSSS supervisent bien les services qui sont donnés autant par les CHSLD privés que publics. C’est leur responsabilité, mais ce sera du cas par cas. »

Maltraitance

Or, le fait de nationaliser un CHSLD n’est pas gage d’une meilleure qualité. Comme pour le démontrer, M. Legault avait préalablement été appelé à réagir au rapport du Protecteur du citoyen, qui a fait état de graves lacunes, s’apparentant dans certains cas à de la maltraitance, dans les CHSLD publics sous la houlette du CIUSSS de l’Estrie.

Le rapport, qui est daté du 17 mars, mais qui a été rendu public jeudi par le Protecteur du citoyen, n’identifie pas de CHSLD en particulier, bien qu’il fasse état de visites surprises dans trois de ces établissements qui, eux n’ont plus, ne sont pas identifiés. Le rapport parle ainsi de l’ensemble des 24 CHSLD publics du CIUSSS de l’Estrie, sans faire de distinction entre eux.

On y fait notamment état d’un manque d’assistance auprès des usagers pour l’hydratation ou l’alimentation, une absence de réponse aux appels pour avoir de l’aide pour aller aux toilettes et même des pratiques de mise en isolement.

« Totalement inacceptable »

« J’ai pris connaissance du rapport. C’est totalement inacceptable. On a contacté le CIUSSS. Je veux savoir d’abord – parce que je veux qu’ils soient imputables, les dirigeants du CIUSSS – comment ça se fait que ça s’est produit et qu’il y ait des conséquences », a déclaré le premier ministre, visiblement choqué de cette situation.

François Legault a dit avoir obtenu l’assurance du CIUSSS « qu’il y a un plan d’action pour régler tous les problèmes qui sont dans le rapport », mais cela ne lui suffit pas. François Legault s’est particulièrement insurgé du fait que de tels évènements surviennent « après tout ce qu’on a vécu depuis deux ans ».

Il a affirmé que le problème est « d’abord une question de gestion : on ne peut pas tolérer qu’un CIUSSS tolère ce genre de situation dans des CHSLD » et il n’a pas écarté la possibilité de demander une enquête « si c’est nécessaire ».

Dans son rapport, le Protecteur du citoyen souligne que la situation dans les CHSLD est aggravée par une sévère pénurie de personnel et que le CIUSSS a dû élaborer des plans de contingence « pour éviter une rupture de service dans certains CHSLD »

Le Protecteur constate, en raison de cette situation, un épuisement et une détresse du personnel et des gestionnaires, dont la majorité parmi ceux interrogés « ont mentionné que les soins et les services offerts dans les CHSLD du CIUSSS ne visaient plus le respect des bonnes pratiques en matière de qualité. Selon eux, dorénavant, les équipes de soins cherchaient uniquement à assurer un niveau minimal de sécurité et de surveillance auprès des personnes hébergées. »