(Québec) Québec veut mettre les bouchées doubles pour rattraper particulièrement les opérations en attente depuis plus de 12 mois et se donne un an pour revenir au niveau prépandémique. Pour l’ensemble des opérations, Christian Dubé entend rattraper le retard d’ici « deux à trois ans ».

Le ministre Christian Dubé a précisé mercredi les cibles de son plan de rattrapage en chirurgie lors de l’étude des crédits budgétaires de son ministère. La liste de Québécois en attente de passer sous le bistouri ne cesse de s’allonger, alors que leur nombre se situe maintenant à quelque 160 000. De ce nombre, environ 20 000 patientent depuis plus d’un an, a affirmé le ministre de la Santé.

Christian Dubé avait fait connaître son intention de s’attaquer aux opérations en attente depuis plus d’un an en février dernier, mais n’avait pas encore fourni d’échéancier pour y arriver. Pas plus que pour l’ensemble des opérations. Il faut rappeler que le gouvernement Legault a été incapable d’atteindre les cibles fixées dans son plan de rattrapage en chirurgie présenté en juin 2021.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé

Questionné par le député libéral, Monsef Derraji, le ministre a révélé qu’il espère revenir au niveau prépandémique d’ici un an, précisément pour les opérations en attente depuis plus de 12 mois. Ce niveau était à l’époque autour de 3000, a précisé M. Dubé. « Donc, on parle de revenir à ce niveau en avril 2023 ? », a demandé M. Derraji. Ce à quoi le ministre a acquiescé.

« C’est un exploit d’être parvenu à maintenir ce volume à 20 000 malgré la cinquième et la sixième vague », a souligné M. Dubé, qui a rappelé que des milliers de travailleurs de la santé sont absents du réseau en raison de la COVID-19. Pour l’heure, quelque 8900 employés sont sur le carreau à cause du virus. En raison du délestage, le réseau mène environ 30 000 opérations par mois, plutôt que 40 000.

Pour les opérations en attente depuis moins d’un an, Christian Dubé espère rattraper le retard provoqué par la pandémie d’ici « deux à trois ans ». Le plan présenté en juin prévoyait deux ans pour y arriver.

Nombre de chirurgies en attente 

  • 0 à 6 mois : 103 439
  • 6 à 12 mois : 34 782
  • 12 à 18 mois : 12 748
  • 18 à 24 mois : 4364
  • Plus de deux ans : 3582
  • Total : 158 915

Source : MSSS

En commission, le ministre Dubé a réitéré son souhait d’avoir recours au secteur privé dans son plan de rattrapage. Le ministère de la Santé et des Services sociaux maintient une vingtaine d’ententes avec des cliniques médicales spécialisées pour les opérations. Ces ententes permettent la réalisation « d’à peu près 80 000 » opérations, a précisé le ministre.

« Sans ces contrats, nous ferions 70 % des chirurgies au Québec, alors que nous en faisons 85 % à l’heure actuelle. D’ailleurs, ça représente 99 000 chirurgies réalisées depuis le début de la pandémie », a précisé le cabinet de Christian Dubé.

M. Dubé n’a pas offert davantage de détails lors de la commission sur les mesures qu’il entend mettre de l’avant pour accélérer la cadence, affirmant que le défi principal demeure la main-d’œuvre. « On va ramener du monde, ce n’est pas une question d’argent », a-t-il lancé mercredi.

Son cabinet a précisé par la suite que « recruter et valoriser la main-d’œuvre » est un des « grands principes du Plan santé » du ministre et que cela « contribuera certainement à la reprise des activités en chirurgie ». Québec a aussi réinvesti 400 millions de la rémunération des médecins spécialistes dans la réduction des listes d’attente en chirurgie.

Pas de prolongement des primes

Le ministre Dubé a affirmé mercredi qu’il n’a pas l’intention de prolonger à nouveau les nombreuses primes COVID offertes au personnel soignant, qui viennent à échéance le 14 mai. Selon le ministre, la situation épidémiologique s’est améliorée et n’exige plus de reconduire le programme. Il faut rappeler que le gouvernement avait accepté de prolonger les primes d’un mois lors de l’arrivée de la sixième vague.

Par ailleurs, l’étude des crédits budgétaires a révélé que le programme de primes de rétention et d’attraction d’infirmières, lancé en septembre 2021, a permis de réembaucher 2863 infirmières à temps complet qui avaient quitté le réseau public. Ce programme, qui prévoit des primes de 12 000 à 18 000 dollars, a aussi permis d’ajouter l’équivalent de 170 retraités à temps complet.

Les besoins de main-d’œuvre demeurent criants dans le réseau. Il manque pour l’heure au moins 5340 infirmières et infirmières auxiliaires pour combler les quarts effectués par des agences ou en temps supplémentaire obligatoire, a-t-on appris. Ceci chiffre inclut également les absences. D’ici cinq ans, Québec devra embaucher quelque 28 000 infirmiers et infirmières.

Selon le MSSS, le recours à la main-d’œuvre indépendante vaut pour environ 5 % de l’ensemble des heures travaillées dans le réseau en 2020-2021. Le TSO varie en moyenne de 0,3 et 0,02 % de la totalité des heures travaillées par période de paie (deux semaines) entre le 1er avril 2021 et le 26 février 2022.