La Presse a visité les locaux de l'initiative dont veut s'inspirer le ministre Christian Dubé

Au deuxième étage de l’Hôpital général juif de Montréal, une dizaine d’experts sont installés devant leur ordinateur. Devant eux, des écrans vidéo affichent les données en temps réel sur l’état et la situation des patients. C’est là, dans ce centre de commandement unique au Canada, qu’ils contrôlent les activités des 34 installations du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Un projet d’avenir que Québec souhaite implanter partout dans la province.

« En entrant dans la troisième vague de la pandémie de COVID-19, on a réalisé qu’on avait différents enjeux, comme l’accessibilité des lits. On a commencé à parler d’un centre de commandement qui allait gérer la fluidité hospitalière », explique à La Presse le directeur général adjoint du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Dan Gabay.

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Dan Gabay, directeur général adjoint du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Quelques mois plus tard, le centre prenait forme. Un seul coup d’œil aux tableaux de bord est nécessaire pour être au courant du nombre de lits occupés dans l’hôpital et dans le réseau communautaire. Des données sur les durées moyennes de séjour ou sur la durée d’attente aux urgences y sont également affichées. On peut même y suivre le rythme cardiaque des patients à domicile.

Grâce à ces écrans, l’équipe peut suivre le flux de patients hospitalisés, afin que des lits soient disponibles pour les nouveaux arrivants. Elle peut aussi prévenir les retards inutiles dans les congés aux patients, ce qui permet de libérer des lits pour ceux qui en ont réellement besoin.

« Le but est de trouver le meilleur endroit pour que le patient puisse recevoir les soins dont il a besoin », dit la directrice adjointe, direction de qualité, innovation, évaluation, performance et éthique du CIUSSS, Erin Cook.

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Erin Cook, directrice adjointe, direction de qualité, innovation, évaluation, performance et éthique du CIUSSS

Une idée que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dit vouloir implanter dans chaque hôpital pour permettre une gestion plus fluide des lits et réduire l’attente aux urgences, en marge de la présentation du plan de « refondation » du réseau de la santé.

Améliorer la qualité de vie

L’équipe du centre de commandement se met rapidement en action dès que des indicateurs hors normes sont relevés dans le réseau. « Ce matin, par exemple, on a vu sur le tableau de bord une dizaine de patients en psychiatrie. On a fait des appels à des médecins pour mieux comprendre la situation et voir s’il y a une possibilité de transférer les patients ailleurs », illustre Mme Cook. Grâce au travail de l’équipe, deux patients ont été transférés dans un autre département dans les minutes qui ont suivi.

En plus de suivre les activités de l’Hôpital général juif, le centre suit les activités de cinq centres de soins de longue durée, de trois centres de réadaptation, de plusieurs CLSC et d’autres installations du CIUSSS. Il suit aussi les patients à domicile, un projet mis en place pendant la cinquième vague de la pandémie.

Dorénavant, on est capables de surveiller à distance nos patients.

Erin Cook, directrice adjointe, direction de qualité, innovation, évaluation, performance et éthique du CIUSSS

Devant Mme Cook, les signes vitaux des patients défilent sur un écran. Le centre de commandement suit leur état de santé en temps réel grâce à un capteur porté sur la peau. La qualité de vie des patients en est grandement améliorée. « Pour un patient, le fait d’être à la maison, dans un environnement connu, mais être soutenu par des infirmières, des médecins et des pharmaciens et être monitoré en continu, c’est très rassurant », indique M. Gabay.

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Capteur porté sur la peau

Mme Cook a côtoyé une mère de famille qui a pu être hospitalisée pendant deux semaines à domicile. « Elle était tellement contente de retrouver ses trois enfants. C’était une très belle histoire », se remémore-t-elle.

« C’est un très beau progrès »

Les résultats du centre de commandement se font déjà sentir. Depuis son inauguration, il y a un peu plus d’un an, les délais d’attente aux urgences sont passés de 33 à 23 heures. « C’est un très beau progrès », se réjouit M. Gabay.

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Centre de commandement à l’Hôpital général juif de Montréal

Par ailleurs, les durées d’attente pour être admis dans les départements de médecine, de chirurgie, de psychiatrie et de gériatrie ont également diminué.

Bouger trois ou quatre patients par jour nous permet d’obtenir des gains significatifs.

Dan Gabay, directeur général adjoint du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

C’est aussi le transfert de patients vers des ressources plus appropriées qui se fait plus efficacement. « Avant le centre de commandement, on pouvait avoir 18 admissions en attente à l’urgence pour la psychiatrie. Maintenant, on a entre 5 et 10 patients », indique le directeur adjoint.

Il espère que des centres de commandement seront implantés sous peu dans toute la province. « Tous nos centres vont pouvoir s’interconnecter, alors ça permettra d’accélérer les échanges entre les établissements », conclut-il.