Alors que des propriétaires de CHSLD privés non conventionnés, victimes d’un exode de leur personnel et d’une explosion du recours aux agences de placement, craignent des ruptures de services et des fermetures d’établissements, la ministre des Aînés et des Proches aidants Marguerite Blais assure que Québec souhaite procéder au conventionnement « le plus rapidement possible ».

Mercredi, La Presse révélait que certains établissements avaient perdu des dizaines de soignants au profit du réseau public en deux ans, augmentant leur recours aux agences de placement, selon les endroits, de 80 % à 711 %. La pression financière est intenable pour certains. Si la situation n’est pas réglée d’ici l’été, des établissements vont fermer leurs portes, d’autres vont changer de vocation ou connaître des ruptures de services importantes, préviennent des propriétaires. « Incessamment, il va commencer à y avoir des gens dompés aux urgences parce qu’on n’est plus capables de remplacer [les employés] », disait dans l’article le président de l’Association des établissements longue durée privés du Québec (AELDPQ), Paul Arbec, dont l’entreprise possède six CHSLD.

L’association a envoyé en février des lettres à la ministre Marguerite Blais et au ministre de la Santé Christian Dubé, demandant notamment au gouvernement de conventionner le plus rapidement possible les établissements non conventionnés de la province, comme promis par Québec, afin qu’ils puissent entre autres recevoir le même financement pour les salaires.

En mêlée de presse mercredi matin, Marguerite Blais a assuré que le conventionnement des CHSLD, promis par son gouvernement, était un « dossier fondamental ». « Ce qu’on souhaite, c’est qu’il y ait la même qualité de soins et de services [quel que soit] l’endroit où une personne âgée ou une personne vulnérable est hébergée. »

Quand on lui a demandé pourquoi Québec n’allait pas plus vite, elle a indiqué que le processus de transformation était « très complexe ». « Conventionner, c’est quand même d’une complexité parce que chaque CHSLD privé a un contrat individuel, et dans ce contrat-là, il faut tenir compte des conventions collectives, tenir compte aussi de l’immeuble. Il y a beaucoup de facteurs. »

Rappelons qu’un projet pilote pour conventionner trois CHSLD privés est en cours. Les établissements qui participent au projet sont tenus au plus grand secret, ce qui est critiqué à la fois par l’AELDPQ et par l’Association des établissements privés conventionnés, qui déplore de ne pas être consultée.

La négociation, a indiqué la ministre Marguerite Blais, ne peut pas se faire sur la place publique.

Durant la période de questions au Salon bleu, la députée libérale Monique Sauvé, porte-parole de l’opposition officielle pour les aînés et les proches aidants, a dénoncé la lenteur du gouvernement.

« Il y a deux ans, hécatombe dans les CHSLD. Le premier ministre voulait nationaliser les CHSLD. Plus tard, on apprend qu’il choisit plutôt de les conventionner. Il faudra attendre le 30 septembre dernier et l’annonce de la ministre avec un projet pilote pour trois, trois CHSLD privés qui seront conventionnés. […] Six mois plus tard pour elle, deux ans plus tard pour le premier ministre, nous apprenons, ce matin, qu’il n’y a rien de fait, zéro puis une barre », s’est indignée la députée. Elle a demandé « un calendrier ferme pour le processus complet de conventionner les CHSLD privés et un soutien de transition immédiat afin d’assurer une qualité de soins à nos aînés ».