Ça ne sera plus aux femmes enceintes de trouver un médecin. Une infirmière fera la recherche à leur place. Et, oui, les médecins offriront leur collaboration, assure Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.

Mercredi, La Presse a annoncé la création d’un programme, Ma grossesse, par lequel toutes les femmes enceintes seront désormais invitées à prévenir le gouvernement qu’elles attendent un enfant.

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Si le but premier est d’entrer en contact avec les femmes vulnérables dès le premier trimestre, il s’agit aussi d’offrir une porte d’entrée plus centralisée aux soins pour les femmes enceintes pour qui c’est la croix et la bannière pour obtenir un suivi de grossesse.

En entrevue, Lionel Carmant note que le programme prévoit aussi une liste de professionnels disponibles. Cela inclura, outre des médecins, des infirmières praticiennes spécialisées et des sages-femmes.

Les lecteurs ont été nombreux à douter que des médecins de famille, tout d’un coup, répondent « présent » avec la seule mise en place d’un tel registre.

En février, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a qualifié de « choix politique irresponsable » et de « gifle incompréhensible » le projet de loi 11 par lequel Québec entendait notamment obliger les médecins à offrir davantage de disponibilités à leur groupe de médecine de famille.

Dans le cas du programme Ma grossesse, c’est de façon volontaire que les médecins seront invités à afficher leurs disponibilités.

Pourquoi y consentiraient-ils maintenant ? Parce que le programme fera l’objet de grandes campagnes – tant auprès des professionnels que des femmes –, mais aussi « parce que c’est une initiative du Ministère au complet », répond le ministre Carmant.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux

Mais il relève que tous les médecins « ne sont pas compétents » ou « n’ont pas l’intérêt à faire du suivi de grossesse », puisque le but « c’est d’éventuellement accoucher la patiente ».

Au fait des problèmes d’accès

Actuellement, selon les données du Ministère, 466 médecins omnipraticiens font des suivis de grossesse au Québec, parmi lesquels 45 % pratiquent aussi des accouchements. (Selon les plus récentes données, on estime à 81 850 le nombre de naissances au Québec en 2020.)

Si tout se passe aussi bien que l’espère Lionel Carmant, que les médecins embarquent et se partagent la tâche avec les infirmières praticiennes et les sages-femmes, il reste que de façon générale, en matière de santé des femmes, l’accès aux soins est très compliqué. Difficile de voir un professionnel pour une question de contraception (la pose ou le retrait du stérilet, par exemple), pour des tests réguliers afin de dépister le cancer du col de l’utérus, etc.

Le ministre Lionel Carmant dit être au fait des problèmes d’accès, et c’est la raison pour laquelle, souligne-t-il, Québec a nommé une directrice nationale de la santé de la mère et de l’enfant, la Dre Sylvie Bouvet.

La santé de la mère ou de la femme en général ? « Éventuellement, on va vouloir regarder toutes ces questions-là [qui touchent toutes les femmes] », dit le ministre Lionel Carmant.

Dans un premier temps, la définition de tâches de la Dre Bouvet consiste à se pencher sur tout ce qui a trait à la santé de la mère et de l’enfant, mais son mandat pourrait être élargi.

Lionel Carmant souligne avoir d’ailleurs demandé à la Dre Bouvet d’étudier la question des tests Pap (l’examen des cellules du col utérin), qui, à son avis, sont aujourd’hui dépassés.

« Maintenant, on recherche le VPH [virus du papillome humain] par des tests plus sensibles », et en cela comme pour les autres questions abordées, il sera important que toutes les femmes y aient accès, précise le ministre.

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    Proportion des Québécoises n’ayant aucun suivi de grossesse au premier trimestre
    SOURCE : MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX