(Québec) Incapable de leur donner une date de paiement, le ministre Christian Dubé se dit « gêné » à la veille d’une nouvelle rencontre avec les syndicats des travailleurs de la santé, qui attendent des milliers de dollars en rétroactivité salariale et primes impayées.

« J’ai demandé au ministère [de la Santé et des Services sociaux] de donner des dates [aux syndicats] pour savoir quand ça va être réglé […]. Ils ont donné des dates, mais jusqu’à présent, ces dates-là n’ont pas été respectées », a affirmé jeudi le ministre Christian Dubé, en marge de la commission parlementaire sur le projet de loi 11 visant à accroître l’accès aux services de première ligne.

Le ministre n’a pas caché son impatience devant son ministère alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) est incapable de citer une date pour le rétablissement de la situation. C’est que les principaux logiciels utilisés par le système de paie n’arrivent pas à verser l’ajustement salarial rétroactif et les primes dues aux infirmières de partout dans le réseau. Les retards affectent d’ailleurs tout le personnel de la santé.

En entrevue à La Presse mercredi, la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Nathalie Lévesque, déplorait que des membres affiliés aient été informés que les versements pourraient être faits au mieux en juin, dans certains établissements. D’autres employeurs ont évoqué les mois de février et mars, mais rien n’est moins sûr.

Ça, ce n’est pas acceptable. Je vais vous le dire, ça m’irrite. J’ai eu des rencontres avec le syndicat depuis plusieurs semaines et je m’étais engagé à régler ça rapidement.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

« Je peux bien comprendre que nos systèmes informatiques sont désuets, on m’a donné au Ministère les bonnes raisons, c’est sûr qu’il y a eu beaucoup de changements, des primes différentes et la nouvelle convention collective, mais ce n’est pas excusable. Je vous le dis, je les rencontre encore [vendredi] [les syndicats] et je suis gêné », a expliqué M. Dubé.

Une source près du dossier a indiqué à La Presse que M. Dubé avait manifesté son impatience jeudi aux équipes du MSSS. La sous-ministre Dominique Savoie a rencontré les PDG des CISSS et des CIUSSS sur le sujet. Le message est de régler la situation sans délai, quitte à faire des paiements manuels.

Le ministre Christian Dubé doit rencontrer les représentants syndicaux vendredi en compagnie de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

« Il y a beaucoup de primes, d’ajustements salariaux qui sont entrés en fonction en même temps. Il y a un enjeu d’arrimage de tous les systèmes informatiques », a fait valoir Mme LeBel, jeudi.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor

« C’est d’une complexité… On sait ce qu’on doit donner à chacun, mais il y a beaucoup de choses dans l’arrimage des paies. On en a parlé avec le syndicat, on le sait que c’est une priorité […] Mais cet argent-là, il vous est dû, il vous appartient et vous allez l’avoir. Maintenant au travail, il faut que ça soit le plus rapidement possible. On est très conscient de l’enjeu puis de l’impact », a-t-elle ajouté.

Mme LeBel n’a pas voulu s’avancer sur le versement éventuel d’intérêts sur les sommes dues, mais a indiqué que des « mécanismes [étaient] prévus dans la loi pour de l’intérêt ».

« Honteux », dit le PQ

« C’est honteux, là, faire des représentations à un groupe dont on a tellement besoin en ce moment. On a besoin de la contribution de toutes les infirmières », a déploré mercredi le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon évoquant tous les efforts du gouvernement pour recruter et retenir les travailleuses.

« Leur promettre un versement puis ensuite tout simplement ne pas le livrer, c’est à l’image de ce gouvernement-là. Mais je veux le dénoncer. Parce que comment voulez-vous retrouver de la confiance en termes d’employés dans notre réseau public si les représentations principales du gouvernement, là non plus, le gouvernement n’est pas en mesure de livrer, il cafouille à nouveau ? »

Sur les réseaux sociaux, les infirmières membres de la FIQ se mobilisent et révèlent à visage découvert les sommes dues par les établissements de santé. Elles peuvent facilement atteindre plusieurs milliers de dollars.

Lisez l’article « Des infirmières dévoilent les sommes dues »

Pour la FIQ précisément, les sommes de l’ajustement salarial rétroactif auraient dû être payées au plus tard le 3 janvier, soit 90 jours après l’entrée en vigueur du nouveau contrat de travail, en octobre dernier.

Avec la collaboration de Charles Lecavalier et de Hugo Pilon-Larose, La Presse