(Québec) Des infirmières de partout dans le réseau en ont assez d’attendre le paiement de « plusieurs milliers » de dollars en salaire rétroactif et primes « COVID ». À visage découvert, elles dévoilent depuis mercredi les sommes dues sur les réseaux sociaux.

« Julie, infirmière clinicienne en CHSLD. On me doit 8904,43 $ », peut-on lire sur un cahier tenu par une travailleuse de la santé en uniforme. « Audrey, infirmière auxiliaire. On me doit 3741,42 $ », écrit une autre. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a lancé mercredi une nouvelle offensive pour que le gouvernement Legault déploie des mesures d’urgence pour verser les sommes dues aux infirmières.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE LA FIQ

Cette infirmière clinicienne en CHSLD a pris part à l’offensive avec le mot-clic #mobiliséespourêtrepayées.

Les photos diffusées sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #mobiliséespourêtrepayées montrent bien le ras-le-bol des infirmières du réseau de la santé qui attendent le versement de sommes s’élevant à plusieurs milliers de dollars chacune. « Elles prennent une feuille tout simplement et écrivent : voici ce qu’on me doit. Elles veulent être payées », résume Nathalie Lévesque, vice-présidente, relations de travail, de la FIQ.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE LA FIQ

Cette infirmière auxiliaire a également participé à l'initiative de la FIQ.

C’est que les principaux logiciels utilisés par le système de paie n’arrivent pas à verser l’ajustement salarial rétroactif et les primes dues aux infirmières affiliées à la FIQ, qui ont renouvelé leur convention collective le 10 octobre dernier. Les sommes de l’ajustement salarial rétroactif auraient dû être payées au plus tard le 3 janvier, soit 90 jours après l’entrée en vigueur du nouveau contrat de travail.

Pas avant mars... ou même juin

Au surplus, la prime spécifique de 3,5 %, accordée sans condition aux 76 000 professionnelles en soins, n’a été versée que dans certaines régions. « C’est aberrant, honnêtement […] Les montants sont parfois exorbitants », lance Mme Lévesque. Le syndicat assure que Québec n’a pas fourni de « date précise » pour les versements. Des établissements ont évoqué février et mars, mais rien n’est moins sûr, selon la FIQ.

On nous a présenté un portrait de la situation [au ministère de la Santé], on n’a pas de date indiquée pour des paiements, ne serait-ce que pour la prime fixe de 3,5 %. Il y a même un de nos membres affiliés qui nous a rapporté que son établissement lui avait dit que les sommes dues ne seraient pas versées avant juin. Alors, vous voyez jusqu’où ça peut aller ! C’est inacceptable.

Nathalie Lévesque, vice-présidente, relations de travail, de la FIQ

La semaine dernière, La Presse rapportait que des retards similaires touchaient l’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a promis que « toutes les sommes seront versées jusqu’au dernier dollar ». De son côté, le Ministère a confirmé que les « établissements du RSSS [réseau de la santé et des services sociaux] travaillent activement à actualiser l’ensemble des mesures dans les meilleurs délais ».

Une rencontre a d’ailleurs eu lieu entre la FIQ, le ministre Dubé et la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, la semaine dernière. « Le ministre Dubé a promis de mettre des solutions rapides en place », rapporte Mme Lévesque. C’est ce que réclame d’ailleurs le syndicat, que des moyens soient déployés pour commencer les paiements, ce qui pourrait vouloir dire le versement manuel des sommes, par exemple.

« On est à la même place qu’au mois de novembre actuellement », déplore Mme Lévesque.

Le syndicat affirme que ces retards et l’absence d’horizon de paiement nuisent à l’adhésion aux initiatives mises en place par le gouvernement Legault pour attirer et retenir les travailleurs de la santé dans le réseau.