(Québec) La forte réaction de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), qui réclame l’abandon complet du projet de loi 11, est une réaction « tout à fait normale » devant le changement, affirme le ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Toute personne, lorsqu’on les met devant des changements, a cette réaction-là initiale. C’est tout à fait normal », a lancé le ministre de la Santé, Christian Dubé, à son arrivée à la commission parlementaire sur le projet de loi 11, qui vise à accroître l’offre de services de première ligne par les médecins de famille. Les travaux s’ouvrent mardi à l’Assemblée nationale avec la participation de la FMOQ.

Le syndicat des médecins omnipraticiens a donné le ton aux travaux avec le dépôt d’un mémoire coup de poing qui demande le retrait total du texte législatif. La proposition du ministre de la Santé est « un choix politique irresponsable », une « gifle incompréhensible » aux omnipraticiens et « une attaque irréfléchie contre les intérêts des Québécois en matière de soins médicaux », écrit sans ambages la FMOQ.

« Ce projet de loi 11 est totalement inutile et totalement incompréhensible. Il ne règlera d’aucune manière la situation de la première ligne au Québec. Pire, il la dégradera encore plus », ajoute-t-on.

« Je pense qu’on est [devant] un très bel exemple de la gestion de changement. On a dit qu’on voulait faire les choses différemment dans la relance de la santé et c’est tout à fait normal, ce genre de réaction, quand on est en gestion de changement. C’est la première chose, je l’ai déjà vécue et je pense qu’il faut rassurer les gens. On a un seul objectif : c’est que chacun des Québécois ait un médecin de famille. Le ton, pour moi, c’est secondaire », s’est défendu le ministre Dubé.

Il a affirmé que les consultations, qui se tiennent jusqu’à jeudi, permettront au cours des prochains jours « d’entendre les deux côtés de la médaille ». De nombreux groupes comme le Collège des médecins, la Fédération des médecins spécialistes du Québec, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et le Conseil pour la protection des malades seront notamment entendus.

Dans ses remarques préliminaires, le ministre Dubé a rappelé mardi que « malheureusement », son gouvernement n’a pu s’entendre avec la FMOQ au cours des dernières années pour l’augmentation de la prise en charge des patients. « On veut collaborer, ce n’est pas un projet de loi de punition, c’est un projet de loi de gestion », a ajouté Christian Dubé.

Le nouveau président de la FMOQ, DAmyot déplore avoir « été invité à un diner de cons » en faisant allusion aux négociations avec le gouvernement. La fédération affirme ne pas avoir été consultée pour le projet de loi 11.

Une « garantie d’échec », dit la FMOQ

Le DMarc-André Amyot a sévèrement critiqué les visées du gouvernement dans son projet de loi 11. « C’est une chose d’utiliser un système du style de Trivago pour réserver une chambre d’hôtel, […] c’est une tout autre chose de le faire pour régler un problème de santé », a-t-il lancé devant les parlementaires.

« Je ne veux collaborer, je ne veux entrer en guerre contre personne », a-t-il ajouté. À son avis, les médecins de famille « sont une cible trop facile ». La solution d’accès à la première ligne ne doit pas passer par une meilleure gestion des données, mais plutôt par la mise sur pied d’équipes multidisciplinaires pour prendre en charge les patients selon leurs besoins, selon la FMOQ.

Christian Dubé a promis l’automne dernier de s’attaquer à la liste de plus de 800 000 Québécois inscrits au Guichet d’accès à un médecin de famille avec son projet de loi.

Le ministre veut déployer une plateforme des gestions de rendez-vous, un genre de « système Trivago », pour que les patients orphelins puissent obtenir une consultation en moins de 36 heures. Il obligera notamment les médecins à offrir davantage de disponibilités à leur groupe de médecine de famille (GMF).

Pour y arriver, le PL11 prévoit plusieurs dispositions pour mieux connaître l’emploi du temps des omnipraticiens. L’accès aux données est l’un des quatre axes du vaste plan de « refondation » du système de santé que souhaite déployer le ministre de la Santé pour « redresser » le réseau, mis à mal par la pandémie.

La FMOQ assure vouloir collaborer avec le gouvernement Legault pour augmenter la prise en charge des Québécois, mais la solution ne peut reposer que sur les médecins de famille. Avec une entente négociée, s’appuyant sur les propositions du syndicat, cette liste pourrait être réduite de 500 000 noms, a promis le DAmyot devant les parlementaires, mardi.

« Nous avons fait des propositions innovantes et audacieuses pour parvenir à une entente visant un meilleur accès aux services de première ligne. Cet objectif, nous le partageons avec le gouvernement et nous sommes sensibles aux difficultés des Québécois à obtenir les services d’un médecin de famille », écrit la FMOQ.