(Montréal) Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a annoncé vendredi, en conférence de presse à Val-d’Or, un investissement de 27,4 millions du gouvernement québécois pour des centres de santé autochtones.

De ce montant, 12 millions iront à la clinique Minowé, une initiative du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or (CAAVD) en activité depuis 2011, qui prévoit utiliser ces fonds pour offrir des services en santé périnatale pour les femmes autochtones.

La directrice générale du CAAVD, Édith Cloutier, aussi présente à la conférence de presse, a qualifié cette annonce de « jalon historique » pour les relations entre les différents peuples, dans une optique d’« harmonie, de réconciliation et de réciprocité ».

Cette clinique, la première en son genre au Québec, offre des soins de santé dans un environnement « pensé et créé pour, par et avec les Autochtones », pour une expérience « culturellement pertinente, sécurisante et signifiante », a-t-elle expliqué. En partenariat avec le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, Minowé propose à la fois des services médicaux et « de soin et de guérison culturels ».

Exporter le modèle

Les 15 millions restants serviront à créer des cliniques semblables ailleurs au Québec, bien que les fonds n’aient pas encore été attribués à un projet en particulier.

La directrice générale des centres d’amitié autochtones du Québec, Tanya Sirois, a affirmé qu’elle « travaille présentement avec les divers centres d’amitié, les CISSS et les CIUSSS de différentes régions » pour développer des « projets qui ont une spécificité locale ».

La commission d’enquête Viens, qui s’était penchée en 2019 sur la relation entre les Autochtones et les services publics québécois, « avait recommandé de reproduire cet exemple » que donne la clinique Minowé, a expliqué M. Lafrenière.

Discrimination et réconciliation

Aussi présent à la rencontre, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a mentionné que « le décès de Mme Echaquan nous a tous et toutes profondément secoués » et que des initiatives comme Minowé permettent « que les interventions et les pratiques soient respectueuses et exemptes de préjugés ».

Joyce Echaquan, une femme atikamekw, est décédée l’automne dernier à l’hôpital de Joliette, sous les insultes racistes de membres du personnel. L’enquête de la coroner, qui est en cours, a révélé que Mme Echaquan avait été laissée sans surveillance alors qu’elle avait été mise sous contention chimique et que l’agente de liaison en sécurisation culturelle présente sur les lieux n’avait pas été informée de la situation.

En réponse à cet incident, la communauté atikamekw a déposé un plan d’action, appelé « Le Principe de Joyce », auprès des différents paliers de gouvernement. L’administration de François Legault a cependant refusé de l’adopter, puisque celui-ci reconnaît l’existence du racisme systémique dans les institutions québécoises.

Le gouvernement du Québec a toutefois accordé, en novembre 2020, 15 millions pour former le personnel hospitalier en lien avec les réalités autochtones.

Toutes les sommes allouées font partie du plan « J’ai espoir », une enveloppe totale de 200 millions sur cinq ans annoncée dans le budget provincial de 2020-2021.