(Montréal) Si l’an dernier le nombre de dons d’organes a diminué en temps de pandémie, le directeur médical du don d’organes chez Transplant Québec s’attend à ce que le bilan soit moins sombre pendant les autres vagues.

En entrevue à l’occasion de la Semaine nationale du don d’organes qui se termine samedi, le Dr Matthew Weiss a indiqué que la baisse de 20 % observée en 2020 s’expliquait notamment par le manque de connaissances sur la COVID-19.

Les experts ne savaient pas quel était le risque de transmission d’un donneur à un receveur. Car puisque le receveur est immunosupprimé, il serait très risqué pour lui de contracter la maladie.

Par le passé, les spécialistes sont donc restés plus « conservateurs » dans leurs décisions pour protéger le receveur, a soutenu le Dr Weiss.

Avec le temps, ils ont finalement déterminé que le risque est minime, et que la procédure est très sécuritaire, a-t-il expliqué.

Il est certain que les médecins ne prendront jamais les organes d’un patient qui est atteint du virus « actif » – c’est-à-dire si la cause du décès est la COVID-19.

« La question qui est plus délicate, c’est s’il y a quelqu’un qui a une COVID résolue. Ça, c’est quelque chose qui est plus délicat et chaque cas est évalué individuellement parce que les risques sont là, mais beaucoup, beaucoup diminués », a souligné le Dr Weiss.

Il y a un risque aussi si on ne prend pas d’organe.

Dr Matthew Weiss

Le patient est tenu au courant pendant tout le processus et il peut toujours refuser s’il est inquiet.

« On va divulguer que [le donneur] a eu la COVID disons il y a deux mois, qu’on a toutes les raisons de croire que c’est résolu : est-ce que vous voulez procéder ou non », a-t-il précisé.

Actuellement, il n’y a aucun cas de transmission par dons d’organes au Québec, note le Dr Weiss. Dans le monde, on a observé deux cas de transmission lors de greffes pulmonaires, a-t-il ajouté, mais les protocoles de dépistage étaient moins raffinés qu’à l’heure actuelle.

Les patients en quête d’un don d’organe, même s’ils sont immunosupprimés, sont d’ailleurs invités à recevoir le vaccin contre la COVID-19.

« Ça se peut qu’ils aient une réponse moins efficace au vaccin », a indiqué le Dr Weiss, ajoutant que ce ne serait pas pour autant « dangereux ».

Mais malgré cette avancée des connaissances qui pourrait accélérer la cadence, il est certain que le délestage et le report des chirurgies pourraient continuer d’avoir des effets sur les activités de transplantation.

« Mais je dirais que je suis optimiste qu’on aura un peu moins de diminution parce qu’on est plus préparés cette fois-ci avec ce qu’on sait aujourd’hui », a prédit le médecin.

Matthew Weiss encourage les Québécois, malgré la pandémie, à continuer de se manifester s’ils veulent donner leurs organes, car si la liste d’attente ne s’est pas trop allongée dernièrement, ça pourrait être le cas lorsque la pandémie prendra fin.

Certains patients auraient peut-être besoin d’un organe, mais comme ils n’ont pas consulté de professionnel de la santé pendant la pandémie, ils ne sont pas ajoutés à la liste.

Le Dr Weiss et ses collègues surveillent ainsi de « très près » ce qui arrivera avec la liste d’attente lorsque la pandémie sera derrière nous.