(Québec) Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est clair : « il n’y a eu aucune intervention politique » dans la décision ayant mené au congédiement de deux infirmières du CLSC de Joliette, contrairement à ce qu’allègue le syndicat interprofessionnel de Lanaudière. Le CISSS de Lanaudière assure que « tout le processus » d’enquête a « été respecté ».

« La réponse, c’est non. Ce n’est vraiment pas une décision politique », a affirmé le ministre Christian Dubé, vendredi. Ce dernier réagissait aux propos du président du Syndicat interprofessionnel de Lanaudière, Stéphane Cormier, qui a déclaré dans une entrevue à La Presse que le renvoi des deux infirmières impliquées dans cette histoire est « un congédiement politique ».

Le ministre Dubé a assuré qu’il se « fie à 100 % à la décision » prise par la présidente-directrice générale par intérim du CISSS de Lanaudière, Caroline Barbir. « C’était une situation totalement inacceptable et je vous dirais qu’il n’y a eu aucune intervention politique dans cette décision-là », a-t-il ajouté.

En réponse à la sortie du président du syndicat, le CISSS de Lanaudière a publié vendredi après-midi « une déclaration officielle » pour « faire le point sur les raisons qui l’ont motivé à poser des sanctions auprès des deux personnes directement impliquées dans l’événement », écrit-on.

Le CISSS de Lanaudière a conclu, un peu plus tôt cette semaine, que les deux infirmières du CLSC de Joliette ont tenu des propos discriminatoires envers une patiente atikamekw, Jocelyne Ottawa, le 12 mars.

« En effet, les deux infirmières présentes ont été congédiées à la suite d’une enquête qui visait à faire la lumière sur ce qui s’était produit. Celle-ci a été déclenchée dès que le CISSS a été informé de la situation, soit le lundi 15 mars, au matin. Tous les processus requis au déploiement d’une enquête de cette nature ont été respectés », ajoute le CISSS dans sa publication.

« Après avoir recueilli les témoignages nécessaires dans le cadre d’une enquête de cette nature, nous avions suffisamment d’éléments en main pour justifier un manquement au code d’éthique de l’établissement et au code d’éthique et de déontologie de la profession », indique Mme Barbir. « Je tiens à rassurer ceux qui pourraient en douter que les processus de l’enquête ont été respectés. Je comprends l’onde de choc que cela peut créer et nous serons à l’écoute des membres du personnel qui ressentent le besoin d’en parler. Je réitère toutefois l’importance de revenir à la base de ce qui doit guider le lien thérapeutique entre un professionnel de la santé et son patient – la confiance, le respect et la dignité », ajoute-t-elle.

Le CISSS n’accordera pas d’entrevue « puisque ce dossier pourrait faire l’objet d’arbitrage et les informations sont confidentielles. »

Deux infirmières ont été congédiées par le CISSS de Lanaudière mardi après avoir tenu des propos discriminatoires envers Jocelyne Ottawa, une Atikamekw de Manawan. Ces évènements sont survenus six mois après le décès tragique de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, morte sous les insultes racistes du personnel soignant. Sa mort a plongé le gouvernement Legault dans une crise.

En réaction, Québec a annoncé en décembre qu’une formation sur la réalité autochtone sera désormais obligatoire pour tout le personnel du réseau de la santé de la province. Selon M. Cormier, les infirmières ont justement tenté de mettre en application « ce qu’elles avaient appris dans leur formation ». Il indique que les deux ex-employées sont depuis mardi « sous le choc et abasourdies » par la tournure des évènements.

Toujours selon M. Cormier, « la première [infirmière] a été rencontrée à 15 h [mardi]. Ils lui ont posé quatre questions, ils ont lu la feuille de l’avocat ; tu es congédiée. Ils n’avaient même pas encore entendu la version des faits de la deuxième infirmière ! »

Mardi, dans un communiqué de presse, la direction du CISSS de Lanaudière a confirmé avoir congédié les deux employées après les avoir rencontrées. « Je rappelle à quel point les comportements discriminatoires, racistes et intimidants sont inacceptables. Ils doivent être dénoncés et condamnés », écrivait Mme Barbir.

Jocelyne Ottawa, sœur du chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, a dit avoir été maltraitée vendredi dernier par deux infirmières du CLSC de Joliette, où elle s’était rendue pour recevoir des soins. On lui aurait dit : « On va t’appeler Joyce », et demandé de chanter une chanson en atikamekw.