(Québec) Un autre syndicat s’élève contre la réforme des normes de la santé et de la sécurité du travail du gouvernement Legault.

Après la FTQ et la CSN, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) a dénoncé, mercredi, le projet de loi 59 qui est étudié actuellement en commission parlementaire.

Selon la CSD, le projet de loi ouvre la porte à la médecine privée.

En effet, si le projet de loi est adopté, l’employeur n’aurait plus l’obligation de consulter la santé publique en matière de prévention, ce qu’a salué d’ailleurs mardi le Conseil du patronat.

« Ce recul, cette privatisation » vont « marginaliser l’expertise neutre et intègre de la santé publique », a déclaré le président de la CSD, Luc Vachon.

En outre, l’avis du médecin traitant de la personne victime de lésion ne sera plus prépondérant en matière de retour au travail ou de réadaptation, ce qui ouvre la porte à toutes sortes de contestations avec des médecins payés par l’employeur, a dénoncé le président de la CSD, Luc Vachon.

La réforme affaiblit un principe de base du régime actuel, soit de mettre la prévention à l’abri du « droit de gérant et du rapport de forces », a-t-il poursuivi.

En matinée, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), le syndicat représentant les infirmières, a également appelé le ministre à préserver l’avis prépondérant du médecin traitant.

Aussi, la FIQ a demandé au gouvernement d’ajouter des lésions psychologiques et des « maladies de femme » à la liste des maladies professionnelles admissibles à l’indemnisation. Jean Boulet a manifesté de l’ouverture.

« J’ai énormément de sensibilité à cet égard », a déclaré le ministre. Un comité scientifique prévu par le projet de loi pourrait ainsi être chargé de responsabilités précises.

« Est-ce que ce serait envisageable de donner un mandat spécifique au comité scientifique de se pencher sur les lésions psychologiques dans les environnements de travail comme les soins et la santé, ainsi que d’avoir un regard particulier sur les maladies plus spécifiques aux femmes ? »

La liste des maladies admises est déjà bonifiée dans le projet de réforme. Ainsi, on ajoutera une présomption pour le trouble de stress post-traumatique — mais pas pour l’épuisement professionnel — et neuf nouveaux cancers professionnels.

« Nous croyons que l’ajout de diagnostic de maladies psychologiques […] est un incontournable », a plaidé la vice-présidente de la FIQ, Linda Lapointe.

« On est constamment avec une détresse. […] Plusieurs de nos professionnels sont plus à risque de développer des maladies professionnelles de nature psychologique, telles que le trouble de l’adaptation et la dépression. »

Il est important de mettre à jour cette vieille loi de 40 ans en pensant à l’avenir aussi, pour qu’elle ne tienne pas seulement compte des blessures physiques dans des usines où les travailleurs masculins sont prédominants, a-t-elle poursuivi.

Les membres de la FIQ sont des conjointes, des mères monoparentales, des aidantes naturelles, qui ont une « charge émotionnelle « à gérer hors des milieux de soins, a évoqué Mme Lapointe.

« C’est important d’avoir de nouvelles lunettes plus féministes, que les experts soient plus sensibilisés. »

Le projet de loi 59 vise à mettre l’accent sur la prévention afin de réduire les coûts d’indemnisation.

Les employeurs seraient divisés selon leur taille et entre niveaux de risque faible, modéré et élevé. Et, selon le cas, le nombre de mécanismes de prévention qui s’appliquent à eux variera.

Selon les données de la CNESST, les lésions psychologiques ont augmenté de 67 % au cours des 10 dernières années.

La CNESST a versé des prestations totalisant 2,22  milliards en 2018. Elle avait alors accepté 103 406 lésions professionnelles et enregistré 226 décès. Chaque jour, 251 travailleurs subissent un accident.