(Québec) Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, présentera vendredi son projet de loi « mammouth » qui vise essentiellement à donner un meilleur accès aux données du terrain, un élément qui a fait défaut lors de la première vague de la pandémie.

Le ministre Dubé a précisé ses intentions au Salon bleu, jeudi, alors qu’il répondait aux questions du député de Québec solidaire Vincent Marissal. Ce dernier lui demandait s’il était « prêt à renoncer au privilège parlementaire » pour répondre aux questions d’une éventuelle enquête publique et indépendante sur la gestion de la pandémie, dont la crise sanitaire dans les CHSLD.

La coroner Géhane Kamel peine depuis quelques jours à avoir accès à certaines données, dont les fameux rapports d’inspection de visites effectuées dans les CHSLD. Mercredi, la coroner a aussi affirmé avoir du mal à comprendre la séquence des évènements, de janvier à mars. Ces éléments sont décriés par les partis de l’opposition, qui demandent à Québec de rendre toute l’information accessible.

« La question à savoir si le gouvernement avait toute l’information pour gérer proprement cette crise-là particulièrement, au début de la crise, elle est vraiment, pour moi, la plus importante », a répondu le ministre Dubé.

« D’ailleurs, ici, demain, en cette chambre, on va déposer un projet de loi très important qui va passer au travers de plusieurs éléments pour s’assurer que le gouvernement, maintenant, va avoir toute l’information sur ce qui se passe dans son réseau pour être capable de gérer correctement, ce qu’on n’avait pas au début de cette pandémie », a-t-il poursuivi au Salon bleu, jeudi.

Le dépôt d’un projet de loi « sur les renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives » est inscrit au feuilleton. Les parlementaires siégeront vendredi en raison du début des semaines intensives des travaux avant les vacances des Fêtes, le 10 décembre.

Dans son rapport accablant sur la crise dans les CHSLD, la protectrice du citoyen avait d’ailleurs soulevé l’enjeu de l’accès aux données. « En mars 2020, les autorités sanitaires québécoises ne disposaient d’aucune infrastructure d’information leur permettant d’effectuer une vigie sanitaire efficace, essentielle à la gestion d’une pandémie. Il a fallu développer un premier système à la hâte, puis un suivant. Tout cela a amené son lot de confusion », a écrit Marie Rinfret dans son rapport déposé la semaine dernière.

Le ministre Dubé avait affirmé en septembre ses visées consistant à présenter un projet de loi « mammouth » qui « va changer plusieurs lois ». En juin, il avait annoncé en ce sens le lancement d’un tout nouveau chantier visant à « transformer la façon de gérer les données » dans le système de santé et de services sociaux. Il disait espérer « pérenniser » plusieurs mesures exceptionnelles qui ont été mises en place grâce à l’urgence sanitaire, pour obtenir rapidement des bilans et des données.

Le ministre Dubé, qui a été nommé après la première vague de la pandémie il y a un an, avait pour objectif de faciliter l’accès aux données dans le réseau. Il est connu que, au début de la crise sanitaire, le gouvernement Legault a eu de la difficulté à obtenir des données en temps réel sur ce qui se passait sur le terrain, notamment dans les CHSLD.