(Québec) Dominique Anglade n’impose aucune sanction à sa députée Marie Montpetit, qui a publiquement critiqué mercredi le ton de son collègue Gaétan Barrette dans le dossier des médecins de famille. Mais la cheffe libérale prévient que c’est au porte-parole de commenter ses dossiers. Elle s’oppose à la méthode « bulldozer » du gouvernement Legault qui a longtemps été associée à celle du DBarrette.

La cheffe Dominique Anglade a expliqué avoir dû mercredi « mettre les points sur les i » lors d’un caucus spécial de ses députés après la sortie de sa porte-parole en matière de santé, Marie Montpetit. La députée de Maurice-Richard y est allée d’une critique à l’endroit de son collègue, Gaétan Barrette, l’invitant à changer de ton dans le dossier des médecins de famille.

« Je m’attends à une solidarité sans faille de mes députés par rapport aux autres collègues », a martelé la cheffe libérale, refusant de condamner les agissements de Mme Montpetit ou la sortie du DBarrette sur les médecins de famille. Même s’il n’est plus le porte-parole libéral dans le domaine, l’ex-ministre commente fréquemment les dossiers relatifs à la santé, surtout depuis le début de la pandémie.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Marie Montpetit

« Chaque porte-parole doit faire des commentaires sur les dossiers qu’ils relèvent d’eux. […] La porte-parole en matière de santé, c’est Marie Montpetit », a tranché Mme Anglade. « Je m’attends à ce qu’on fasse tous les débats au caucus, je m’attends à ce qu’on ait une solidarité impeccable », a répété Mme Anglade.

« J’ai confiance à l’ensemble de ma députation », a-t-elle ajouté.

La sortie de la députée sur Twitter a été qualifiée d’« inacceptable » par une source libérale.

« Cher Gaétan Barrette, ce tweet est aussi peu productif que l’attitude autoritaire et les menaces de François Legault », a écrit Mme Montpetit mercredi lors d’un échange sur les médias sociaux avec l’ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette. « On gagnerait tous à un changement de ton envers les professionnels de la santé qui portent le réseau à bout de bras depuis le début de la pandémie », a ajouté la députée.

« Toutes les conversations que je devais avoir avec mon caucus, je les ai eues et le reste, ça relève de l’interne », a affirmé la cheffe libérale, qui n’a pas voulu commenter les propos de sa députée sur le fond.

Elle a plutôt dénoncé la méthode « autoritaire » et « bulldozer » du gouvernement Legault qui menace d’imposer un projet de loi pour mettre fin à ses négociations avec les médecins de famille. Le scénario évoqué par le premier ministre d’imposer les pénalités de la loi 20 de Gaétan Barrette « peut être une option, mais ne doit pas être la seule ».

« La question de la loi 20 n’est même pas sur la table, [M. Legault] propose un nouveau projet de loi. On doit tout considérer, toutes les options doivent être sur la table, mais une manière bulldozer de procéder ce n’est pas la manière de procéder. […] La manière autoritaire, la manière bulldozer de gouvernement n’aide pas à la situation. […] Je ne pense pas ce que cette manière-là va donner des résultats », a-t-elle ajouté.

Listes controversées des médecins

Le Parti québécois évalue la possibilité de demander à la Commissaire à l’éthique et à la déontologie pour « clarifier » la façon dont le gouvernement Legault a pu obtenir la liste des médecins de famille qui ont moins de 1000 patients à leur charge. « Ces révélations-là sont effectivement troublantes », a mentionné le chef parlementaire, Joël Arseneau, en mêlée de presse, mercredi.

Mercredi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a expliqué qu’il avait pu obtenir cette liste grâce à un croisement de données possible en vertu du décret sur l’urgence sanitaire.

« La raison pour laquelle [le gouvernement] a obtenu ces informations-là, […] qui sont nominatives, c’est parce qu’il y a un décret sur l’urgence sanitaire. Ceci, là, c’est un abus de pouvoir de la part du premier ministre », a dénoncé pour sa part la cheffe Dominique Anglade.

Québec solidaire a affirmé que la Loi sur la santé publique « a toujours sa raison d’être », mais ce qui ne l’a plus, c’est le fait que c’est le gouvernement seulement qui détermine le besoin. « Ça n’a plus de bon sens qu’un gouvernement […] gouverne depuis plus de 20 mois comme s’il était les seuls décideurs », a indiqué la co-porte-parole, Manon Massé. Sa formation propose une loi transitoire vers la fin de l’urgence sanitaire.