Une femme anishnabe dénonce le traitement qu’elle dit avoir subi à l’hôpital du Sacré-Cœur à Montréal, se plaignant qu’on l’ait fait attendre des heures sur un siège d’aisances et vivre avec de l’urine sur le plancher pendant des jours.

Marylynn Matchewan, de la communauté du Lac-Rapide en Outaouais, a été hospitalisée à l’hôpital du Sacré-Cœur à Montréal au début du mois d’octobre à la suite d’un accident de voiture à Val-d’Or. Souffrant d’importantes fractures aux membres inférieurs – pelvis, jambe et hanches –, elle avait été évacuée par avion.

Dès la deuxième nuit, j’ai remarqué que ce que je vivais, c’était presque de la négligence.

Marylynn Matchewan

La femme de 44 ans, mère et grand-mère, a accepté de parler à La Presse samedi soir. Le 12 octobre, elle a publié une vidéo sur Facebook dénonçant ce qu’elle vivait.

IMAGE D’UNE VIDÉO PUBLIÉE SUR LA PAGE FACEBOOK DE MARYLYNN P MATCHEWAN

Marylynn Matchewan

Plusieurs incidents l’ont amenée à se sentir de moins en moins en sécurité à l’hôpital. D’abord, un sac rempli d’urine, trop plein, se serait répandu sur son plancher. L’employée qui aurait constaté la situation aurait dit : « Moi, je ne vais pas laver ça ! » Des tissus auraient été étendus par terre. Plusieurs jours auraient passé sans que le dégât soit nettoyé.

Abandonnée sur son bassin de lit

D’autres fois, la patiente aurait été laissée pendant des heures sur son bassin de lit, parfois plein d’excréments, dans une position qui la faisait souffrir. Des évènements qui, dit-elle, sont le plus souvent survenus en soirée ou au milieu de la nuit. « Je sonnais la clochette, je criais : “Heille ! Je suis là ! J’ai fini !” Personne ne venait », dénonce-t-elle.

À plusieurs reprises, Mme Matchewan dit s’être levée du siège ou du bassin d’aisances sans aide, malgré ses blessures, car personne ne venait l’aider. « J’ai dit à la femme [qui l’avait mise sur le siège d’aisances] : “Tu m’as juste laissée là ? Tu sais que je ne prends pas deux heures pour pisser ou faire caca.” Elle m’a répondu qu’elle était allée souper ! »

La situation se serait envenimée lorsque ses enfants auraient tenté de dénoncer ces traitements aux employées de l’hôpital sur place. Par la suite, des personnes plus haut placées seraient venues s’assurer que les choses s’étaient rétablies. Mme Matchewan croit cependant que ses griefs ont été retournés contre elle : « Elles ont essayé de me dire que c’était moi qui avais de la haine [envers les préposées, pour la plupart noires]. “Pourquoi est-ce que tu détestes les employés qui tentent de t’aider ?”, m’ont-elles dit. »

Mme Matchewan a dit à La Presse avoir déposé une plainte contre l’hôpital du Sacré-Cœur, ce que dément le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Des mesures mises en place, selon Sacré-Cœur

Mme Matchewan a été rencontrée par une déléguée du Commissariat local aux plaintes et à la qualité des services (CLPQS) et ​​à deux reprises par la directrice adjointe aux soins critiques, a expliqué par courriel Marie-Hélène Giguère, conseillère-cadre au bureau des relations avec les médias du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

[L’usagère] s’est exprimée sur quelques éléments d’insatisfaction […] essentiellement liés à des questions de confort.

Marie-Hélène Giguère, conseillère-cadre au bureau des relations avec les médias du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Pour le reste, Mme Matchewan était satisfaite des soins reçus, selon Mme Giguère. « Plusieurs accommodements lui ont d’ailleurs été accordés, notamment en ce qui concerne les règles entourant les heures de visite ainsi que le nombre de visiteurs autorisés », précise-t-elle.

L’offre d’une présence d’une ressource spécialisée en sécurisation culturelle aurait aussi été déclinée par Mme Matchewan, indique Marie-Hélène Giguère. Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal déploie actuellement auprès de ses 14 000 employés et médecins la formation obligatoire sur la sécurisation culturelle.

« Nous sommes profondément troublés de la comparaison qui est suggérée entre la situation de cette usagère et celle de Mme Echaquan », conclut Mme Giguère en faisant référence à un article paru samedi dans le Globe and Mail.