À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce dimanche, la Fondation Douglas lance le mouvement Bâtissons l’espoir, afin de financer la recherche dans ce domaine et de mettre un terme à la stigmatisation autour de ces maladies. Objectif : que les gens atteints de troubles mentaux soient traités comme ceux atteints d’une maladie physique.

« On veut pousser les gens à ne pas seulement parler, mais à agir », déclare Laura Fish, directrice de la Fondation Douglas, qui œuvre à soutenir la recherche en santé mentale. Du 12 au 19 octobre, des messages au sujet des troubles mentaux circuleront sur les réseaux sociaux. Des dons pourront être faits sur le site de la fondation ainsi que dans les dépanneurs Couche-Tard de la province.

Quelle somme la fondation souhaite-t-elle récolter ? Elle n’a pas été fixée, « parce que les besoins sont illimités », précise Mme Fish.

Il n’y a pas un montant qui va régler le problème. On a besoin de toutes les ressources qu’on peut avoir.

Laura Fish, directrice de la Fondation Douglas

La période actuelle est « excitante » pour les gens atteints de troubles mentaux, selon le DGustavo Turecki, directeur scientifique du centre de recherche Douglas et directeur du département de psychiatrie de McGill. « Il y a un changement social à ce sujet, les gens sont beaucoup plus ouverts à parler de leur trouble mental, et il y a beaucoup moins de préjugés », se réjouit-il.

Jeudi, le joueur étoile du Canadien Carey Price s’est éloigné de l’équipe et a eu recours au programme d’aide de la LNH et de l’Association des joueurs pour se refaire une santé mentale.

S’il est essentiel de parler de santé mentale, il faut le faire de façon transparente, estime Laura Fish. Il n’est pas suffisant de dire qu’un Canadien sur trois sera touché par la maladie mentale dans sa vie. « Il faut aussi nommer la maladie en question et être prêt à dire qu’on a perdu un ami à cause du suicide ou que notre conjoint souffre d’une dépression », souligne-t-elle.

Deux poids, deux mesures

La recherche sur les troubles mentaux a fait des pas de géant, soutient le DTurecki. À l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, des protocoles ont été mis en œuvre pour faciliter l’accès des jeunes à ces services. Une grande partie de ces maladies se manifestent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. « Plus on intervient rapidement, meilleurs sont les résultats », explique le DTurecki.

Mais il y a encore du chemin à faire pour améliorer la qualité des soins en santé mentale, estime-t-il.

Les traitements fonctionnent bien, mais ils ne sont pas encore parfaits.

Le DGustavo Turecki, directeur scientifique du centre de recherche Douglas

À son avis, il est nécessaire d’en augmenter la précision et d’en réduire les effets secondaires. Sans compter les gens pour qui les traitements ne sont tout simplement pas efficaces.

La recherche en santé mentale est sous-financée, déplore Laura Fish. « On a moins de connaissances » sur ce sujet que sur la maladie physique, en raison de la stigmatisation entourant ces troubles, explique-t-elle.

Il existe encore une « différence énorme » entre la façon dont on traite la maladie physique et dont on traite la maladie mentale, confirme le DTurecki. Exemple frappant : les chambres individuelles sont très rares pour les patients hospitalisés en psychiatrie. « Il faut traiter de la même façon les gens atteints de maladie mentale que ceux atteints de maladie physique », insiste-t-il.

Santé mentale et pandémie

Y a-t-il une hausse des troubles mentaux en raison de la pandémie ? Pas nécessairement, dit le DTurecki, estimant qu’il ne faut pas confondre ces maladies avec la détresse. « Il y a clairement eu une augmentation de la détresse sociale et émotionnelle », explique-t-il.

Les données préliminaires montrent une augmentation substantielle des troubles alimentaires depuis le début de la pandémie, poursuit le DTurecki. Mais il est encore tôt pour tirer des conclusions. « Il n’y a pas eu d’augmentation des suicides ; il y a même eu une diminution au début de la pandémie, nuance-t-il. Les suicides sont étroitement liés à la maladie mentale. »

En chiffres

1,2 million : Nombre de jeunes Canadiens qui seraient atteints d’un trouble de santé mentale. Source : Fondation Douglas

4000 : Nombre approximatif de personnes qui se suicident chaque année au Canada. Source : Agence de la santé publique du Canada

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