(Québec) Le gouvernement Legault annonce une série d’incitatifs financiers pour recruter sans délai 4300 infirmières et convaincre celles en poste de rester. Les infirmières à temps complet qui sont demeurées au sein du réseau public malgré la crise recevront 15 000 $ en bonis.

Le premier ministre François Legault a annoncé jeudi une série de « moyens costauds » pour endiguer la crise de la main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux, exacerbée par la pandémie de la COVID-19. D’abord, Québec débloque des incitatifs financiers pour récompenser les infirmières qui n’ont pas quitté le réseau et pour attirer celles qui ont quitté le réseau public pour le privé à revenir.

Une infirmière qui occupe un poste à temps complet se verra remettre une prime de 15 000 $ tout comme celles qui accepteront un poste à temps complet dans les prochaines semaines. Celles qui ont quitté le réseau et qui reviendraient recevront 12 000 $.

Pour les régions où la pénurie est plus importante (Abitibi-Témiscamingue, Outaouais, Côte-Nord, Nord-du-Québec et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine), les montants sont plus élevés. On parle de 18 000 $ pour celles en poste et 15 000 $ pour les infirmières qui vont revenir dans le réseau.

Les incitatifs mis en place par Québec se chiffrent à 1 milliard. « C’est beaucoup d’argent, mais on pense que la situation le justifie », a fait valoir le premier ministre François Legault, qui parle ni plus ni moins d’une « petite révolution » dans la gestion du réseau de la santé et des services sociaux.

C’est que ces incitatifs financiers s’accompagnent de mesures visant à changer la culture de gestion dans le secteur public. Des postes d’agents administratifs seront notamment créés pour libérer les infirmières qui disent perdre un temps précieux à « remplir de la paperasse ». Québec espère recruter au moins 3000 agents administratifs qui seront en poste au printemps 2022.

Les meilleurs horaires de travail seront aussi d’abord offerts aux travailleurs du réseau public plutôt qu’aux agences privées de placement. Le modèle de gestion doit être décentralisé. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a affirmé vouloir « donner plus d’autonomie aux équipes de gestion locale » pour rendre les horaires de travail plus stables et attrayants.

Avec son plan, Québec espère agir sur le temps supplémentaire obligatoire et le recours aux agences privées de placement. Environ 60 % des infirmières dans le réseau occupent des postes à temps complet seulement. Québec veut faire monter la statistique à 75 %.

Québec cherche à recruter au moins 4300 infirmières pour endiguer la crise de la main-d’œuvre dans le réseau de la santé. Le gouvernement veut inciter des infirmières à la retraite et celles qui ont quitté le réseau pour le privé à revenir. Le réseau doit aussi se préparer à remplacer au moins 20 000 travailleurs de la santé, dont 10 000 qui sont en contact avec des patients, qui ne seront pas pleinement vaccinés au 15 octobre lors de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire.

Les attentes envers le plan d’embauche du gouvernement Legault sont immenses, a fait valoir mercredi la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ). Le syndicat a présenté sa liste de demandes à Québec. Il réclame notamment que le gouvernement propose « un changement de cap drastique ».

La FIQ demande que le ministre Dubé émette une directive pour que « cesse définitivement le recours au temps supplémentaire obligatoire ». On demande également l’implantation des projets ratios, des « incitatifs équitables » pour les travailleuses du public et l’arrêt « de la mobilité à outrance » des employés.

« Le plan du gouvernement doit être clair quant aux éléments à mettre en place immédiatement pour que nos membres puissent avoir droit au respect de leur contrat de travail, à une conciliation travail-famille, de la reconnaissance et à une qualité de vie », a expliqué mercredi la présidente de la FIQ, Nancy Bédard.