La cheffe libérale Dominique Anglade appelle le gouvernement caquiste à prendre ses responsabilités et à faire preuve de leadership pour régler immédiatement le problème de la fermeture des urgences de l’hôpital de Gatineau.

Les urgences de l’hôpital sont fermées depuis vendredi en raison d’un manque de personnel à la suite du départ de plusieurs infirmières se disant incapables de maintenir le service à bout de bras comme on le leur demande depuis des mois.

À l’issue d’une rencontre avec les employés et la direction, Mme Anglade demande au premier ministre François Legault et à son ministre de la Santé, Christian Dubé, d’en faire autant.

« Ce que j’aimerais voir, aujourd’hui, c’est le premier ministre Legault lui-même, qui vienne intervenir pour apporter des solutions. On propose une bonification [des salaires] de très court terme. On propose également qu’on puisse avoir accès à du prêt de personnel, peut-être d’autres régions, que ce soit coordonné. Mais on ne peut pas accepter la situation telle qu’elle est aujourd’hui, c’est inadmissible », a-t-elle dit.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Dominique Anglade

« On parle d’une situation qui est critique, qui est urgente et il faut voir l’intervention du gouvernement. »

La cheffe libérale a aussi prévenu qu’une bonification « en septembre ou en octobre » est impensable.

« S’il n’y a pas de bonification à court terme, on est dans une spirale, c’est une hémorragie. Les gens quittent le bateau et on n’est pas capable de les garder, donc ça, il faut régler ça aujourd’hui, pas à terme. »

« Les mains et les poings liés »

Dominique Anglade s’interroge par ailleurs sur l’absence de plan de recrutement de l’institution et ne comprend pas que la direction lui dise qu’elle ne peut aller de l’avant avec certaines solutions déjà sur la table.

« La direction nous dit : on a les mains et les poings liés. Par quoi ? Qu’est-ce qu’il y a de plus important aujourd’hui que des services essentiels en matière d’urgence ? Je ne vois pas ce qu’il y a de plus important que ça. »

Quant aux affirmations voulant que cette situation soit imputable aux décisions du gouvernement libéral précédent, Dominique Anglade les a balayées du revers de la main.

« Il y a plein de décisions à court terme qui sont capables d’être prises. Ça n’a rien à voir avec le gouvernement précédent et je rappelle qu’il n’y avait pas d’urgences fermées. Il n’y avait pas d’urgences fermées sous l’ancien gouvernement. Donc, ça prend un véritable leadership qu’on ne voit pas. Il est absent aujourd’hui », a-t-elle dit.

Réponse cinglante

Le bureau du premier ministre Legault n’a pas tardé à réagir à ces propos, par voie de messagerie à La Presse Canadienne, reconnaissant que « la situation actuelle est regrettable, effectivement, et nous travaillons activement pour régulariser la situation qui, nous le comprenons, est difficile pour les citoyens ». On affirme évaluer « toutes les options pour rouvrir, dans les meilleurs délais, l’urgence de l’hôpital de Gatineau », ajoutant que le premier ministre « s’est attaqué personnellement aux enjeux de main-d’œuvre dans le réseau ».

Par contre, la missive refuse de laisser le gouvernement libéral précédent se laver les mains de cette situation et se fait cinglante à son endroit : « Voir le Parti libéral s’intéresser enfin à l’Outaouais et aux dommages causés par leur inaction est un bon premier pas ».

Pointant la « mauvaise gestion libérale au cours des dernières années », le bureau du premier ministre demande : « Quel est le bilan du Parti libéral ? Des fermetures et un manque criant de personnel. On tente de réparer les erreurs du gouvernement libéral dont Dominique Anglade a fait partie, mais ça va prendre encore un peu de temps. »

PQ : risques similaires ailleurs

De son côté, le porte-parole péquiste en matière de santé, Joël Arseneau, dit s’inquiéter d’une situation qui risque de s’étendre ailleurs en raison de l’étendue du problème de manque de personnel et dénonce à son tour le mutisme du ministre Dubé.

« Plusieurs établissements sont aux prises avec une pénurie criante de main-d’œuvre ; c’est particulièrement grave à Baie-Saint-Paul, à Gatineau et à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais le phénomène frappe partout au Québec. Pendant ce temps, le ministre brille par son absence », affirme-t-il par voie de communiqué.

Il réitère que le gouvernement doit offrir de meilleures conditions afin de contrer « l’hémorragie du personnel vers les agences de placement privées ». Il fait valoir que la pandémie a étiré les ressources au maximum et que la pratique du temps supplémentaire obligatoire doit être contrée puisqu’elle est « extrêmement coûteuse et trop souvent utilisée » en plus de « faire fuir les travailleurs vers le privé ».