D’énormes sacrifices leur ont été demandés depuis le début de la pandémie. Tout ce qu’on les encourageait à faire – aller à l’école, faire du sport, voir des amis – est devenu synonyme de danger. Quels sont les impacts des mesures sanitaires sur la santé mentale des adolescents ? La Presse a réalisé une rare – et bouleversante – incursion dans l’unité de pédopsychiatrie et les urgences du CHU Sainte-Justine à Montréal pour le découvrir.

« Câlissement tanné »

« Ma mère pense que je deviens crazy. »

Nous sommes le samedi du long week-end de la Journée nationale des patriotes. Les urgences du CHU Sainte-Justine sont bondées. Il ne reste plus qu’un seul lit réservé aux cas psychiatriques.

La veille au soir, Christophe* a atterri ici après s’être mis un couteau sous la gorge. « Ma vie, c’est le bordel depuis la pandémie », résume l’adolescent de 16 ans pour la Dre Marie-Pier Larrivée.

La Presse a réalisé une rare incursion dans les services de pédopsychiatrie et des urgences du grand hôpital pédiatrique montréalais pour comprendre les impacts des mesures sanitaires sur la santé mentale des ados.

Le nombre des cas comme celui de Christophe est en hausse depuis le début de la pandémie.

Plus d’ados aux urgences

Dans tout le Québec, plus d’adolescents se sont retrouvés aux urgences pour un épisode dépressif (hausse de 15 %) et pour des troubles anxieux (hausse de 5 %) en janvier et février 2021 par rapport à la même période l’année précédente, selon les derniers chiffres disponibles.

Source : rapport publié en mai par l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux

Aux yeux de la Dre Larrivée, la pédopsychiatre que nous accompagnons ce jour-là, cela ne fait aucun doute : les « grands ados » souffrent terriblement depuis un an et demi.

Les conférences de presse du trio Legault-Dubé-Arruda lui ont d’ailleurs laissé un goût amer. « Parle-moi de rouvrir le Centre Bell aux fans de hockey quand je vois toutes les semaines des ados qui veulent se tuer, privés de tout ce qui est essentiel pour eux », ironise la médecin, découragée.

Dès l’automne dernier, l’école à temps plein en présentiel pour tous les jeunes – y compris ceux au cégep –aurait dû être LA priorité, bien avant les centres commerciaux et les salons de coiffure, plaide-t-elle.

La motivation scolaire en a pris un coup. Ses patients qui terminent le secondaire ou commencent le cégep ont abandonné des cours, quand ils n’ont pas carrément lâché l’école, observe-t-elle. Tous. Sans exception.

Avant la pandémie, Christophe n’avait jamais été hospitalisé. Il n’avait jamais été violent non plus. Un ado sans histoire qui vit seul avec sa mère dans un quartier de classe moyenne de la métropole.

Dans la dernière année et demie, tout a basculé. Il a raté une cinquantaine de jours d’école virtuelle.

J’étais juste pas capable de me lever le matin pour me retrouver encore devant mon ordi.

Christophe, 16 ans

Naguère assez fort pour intégrer un programme enrichi, l’élève vient d’échouer à sa quatrième secondaire.

Sa relation avec sa mère s’est détériorée. « On se tape sur les nerfs, madame », dit le garçon frêle à la chevelure rebelle à la pédopsychiatre qui doit déterminer si l’ado a besoin d’être hospitalisé en raison de son risque suicidaire.

Depuis l’hiver dernier, les « chicanes » se multiplient au point que la maman a appelé la police quelques fois, incapable de calmer son fils.

Vendredi soir, après une énième dispute, sa mère lui a donné un ultimatum : il ira passer l’été chez une amie de la famille, loin de Montréal, ou bien elle le confie à la DPJ.

C’est là qu’il s’est mis un couteau sous la gorge.

Devant la médecin, l’ado jure que s’il avait voulu se tuer, il l’aurait déjà fait. D’un ton bienveillant, la Dre Larrivée lui assure qu’elle le croit. Sauf qu’elle doit aussi entendre la version de sa mère ; cette dernière n’étant pas présente à l’hôpital ce jour-là.

Christophe en est à sa quatrième visite aux urgences en quelques mois. Chaque fois, sa mère le croit en psychose. Mais jusqu’ici, tous les professionnels ont conclu à un trouble relationnel parent-enfant causé par le confinement.

La pédopsychiatre joint la mère sur son cellulaire. Cette dernière insiste : elle ne reconnaît plus son fils. Il ne se lave plus. Il ne sort plus. Avant, il respectait son autorité. Plus maintenant.

La maman est catégorique : elle ne le reprendra pas chez elle. Elle décrit de longs antécédents de troubles mentaux dans la famille (dépressions majeures, bipolarité) ; un « signal d’alarme » pour la médecin.

Ça ressemble à un trouble comportemental, mais en même temps, vu l’histoire familiale lourde, je ne veux pas l’échapper s’il a un prodrome psychotique [début de la maladie].

La Dre Marie-Pier Larrivée, pédopsychiatre au CHU Sainte-Justine

La médecin spécialiste fait revenir l’ado dans la petite salle froide éclairée aux néons où elle mène ses consultations. Ici, les chaises sont fixées au mur par mesure de sécurité.

Vêtu d’une blouse d’hôpital bleue mal attachée qu’il replace constamment, Christophe est calme lorsqu’il se rassoit devant la pédopsy.

Sa maman ne viendra pas le chercher, lui annonce-t-elle avec douceur.

La Dre Larrivée n’a pas assez d’éléments pour le garder à l’hôpital contre son gré. Elle lui donne deux choix : un transfert volontaire à l’hôpital psychiatrique situé le plus près de chez lui pour une évaluation ou le centre jeunesse.

L’ado prend des airs de petit animal blessé. Il se met à mordre dans son masque. Il se prend le visage à deux mains. La colère l’envahit. Il traite sa mère de tous les noms en tremblant.

Christophe choisit l’hôpital psychiatrique. « Je suis câlissement tanné », lâche-t-il avant de retourner à sa chambre en continuant de maudire sa mère.

* Pour respecter la confidentialité des jeunes patients, leurs prénoms ainsi que certains détails ont été changés.

Jour et nuit devant l’écran

ILLUSTRATION JULIEN CHUNG, LA PRESSE

Taylor ne mange plus et ne dort plus.

Sa belle-mère a caché tous les couteaux de la maison depuis qu’elle a découvert que l’adolescente de 16 ans se mutilait.

La frêle jeune fille prend maintenant des douches brûlantes. Cela laisse moins de traces que des marques de couteau.

Taylor était déjà suivie à Sainte-Justine pour un trouble alimentaire. Mais la pandémie a exacerbé ses souffrances.

« Ce n’est pas vivre que je fais, c’est survivre », dit-elle à la Dre Marie-Pier Larrivée, de garde aux urgences ce jour-là.

« J’irais dans un coma », poursuit la frêle adolescente recroquevillée sur sa chaise.

Les parents de Taylor ont fait des sacrifices pour lui payer des séances chez un psychologue au privé. Au public, « on attendrait encore », lâche sa belle-mère qui l’accompagne aux urgences.

Les séances ont été interrompues les premiers mois de la pandémie. Pas de nature à régler son trouble alimentaire qui s’ajoute à un TDAH et à des symptômes de dépression majeure.

L’ado passait déjà trop de temps sur des écrans. Avec l’école sur Zoom, ç’a été la goutte qui a fait déborder le vase.

À part dans la douche, Taylor est toujours devant un écran.

La belle-mère de Taylor

L’ado ne la contredit pas.

« Est-ce que je dois mettre quatre murs autour de toi pour t’empêcher de te faire du mal ? », lui demande la pédopsychiatre. Taylor affirme que ce ne sera pas nécessaire.

À la seconde où la consultation se termine, l’ado replonge le nez dans son cellulaire.

Hausse inquiétante des troubles alimentaires

Ce trop-plein d’écrans en a rendu beaucoup de malades. « Je n’aimais pas mon image sur Zoom », a confié à la Dre Larrivée une autre jeune patiente devenue anorexique.

Les chiffres le confirment : un bond de 122 % des hospitalisations d’ados pour troubles alimentaires en provenance des urgences de la province a été observé durant toute l’année pandémique, par rapport à la précédente*.

Ces jours-ci, uniquement à Sainte-Justine, il y a trois fois plus d’adolescents hospitalisés pour un trouble alimentaire que d’habitude. « Ça ne dérougit pas », lâche le pédiatre spécialisé en médecine de l’adolescence Olivier Jamoulle.

Les cas sont plus sévères et nécessitent souvent des hospitalisations d’une durée de deux à huit semaines. « C’est déchirant », explique-t-il, car ces jeunes répondent bien au traitement… quand ils ont accès aux services.

Or, le réseau de la santé – et son propre hôpital – est « saturé », illustre le DJamoulle. « On fait ce qu’on peut, mais on manque de ressources », résume-t-il avec un mélange de fatigue et de découragement dans la voix.

Cette détresse chez les jeunes ne disparaîtra pas magiquement avec l’allégement des mesures sanitaires, avertit le pédiatre. Ses impacts dans le réseau de la santé se feront sentir durant « des semaines, voire quelques mois ». « Il est même possible que certains jeunes qui ne s’en sortaient pas si mal jusqu’à présent éprouvent des difficultés à cause du déconfinement », prévient-il.

* Source : rapport publié en mai par l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux

Un « retour à la normale » terrifiant

ILLUSTRATION JULIEN CHUNG, LA PRESSE

Alicia veut un billet du médecin qui l’exempterait de se présenter en classe.

L’ado de 14 ans se retrouve devant la Dre Majorie Vadnais à peine trois semaines après avoir consulté aux urgences d’un autre hôpital.

Cette fois-ci, l’adolescente a versé un flacon de médicaments dans son bol de céréales et a dilué le tout avec de la compote de pommes. Heureusement, son père est entré dans sa chambre avant qu’elle n’ingère le tout.

Alors que l’année scolaire s’achève, la Dre Vadnais, cheffe des urgences psychiatriques à Sainte-Justine, est submergée de cas comme celui d’Alicia. Un lundi de la fin mai – jour où nous la suivons aux urgences –, elle ne verra que ça : des ados anxieux qui veulent mettre fin à leurs jours.

Ces jeunes racontent tous la même chose : ils étaient bien en confinement. L’école les stresse. Pour les plus vieux, l’école par intermittences, c’est l’enfer ; comme si ça leur demandait le double d’efforts de devoir replonger chaque fois dans cette microsociété.

Cela fait une semaine qu’Alicia se rend à l’école uniquement pour s’enfermer dans le bureau de la psychoéducatrice. Elle ne se sent pas la force d’entrer en classe. Elle craint le jugement de ses amies. Elle préfère les éviter.

Sa mère, elle-même très anxieuse, ne sait plus quoi faire pour l’aider. Devant la psychiatre, elle sort nerveusement un bout de papier de son sac à main pour lui décrire tout ce qui l’inquiète chez sa fille. La liste est longue.

Après avoir écouté la mère, la Dre Vadnais la fait sortir de la pièce pour se concentrer sur l’adolescente. La jeune fille est apathique. Sa voix est faible. La médecin lui fait retirer son masque pour mieux l’entendre.

« C’est un réflexe normal de s’éloigner de ce qui nous fait peur, lui explique la pédopsychiatre, d’un ton maternel. Mais avec l’école, on ne peut pas faire ça. Ça va donner des munitions à ton anxiété si tu n’y retournes pas. »

« Si je te signe ce billet, que va-t-il se passer en septembre ? », poursuit la Dre Vadnais.

« Je n’aurai pas envie d’y retourner », acquiesce l’ado, dont le mal de vivre est manifeste.

La médecin s’assure qu’Alicia prenne une médication adéquate pour l’anxiété et qu’elle poursuive une psychothérapie. Elle lui écrit aussi une lettre détaillant son trouble destinée à la direction de son école.

Et elle y va d’une dernière ordonnance : « Je t’oblige à faire des activités agréables. Maintenant qu’on déconfine, organise-toi quelque chose avec une amie. »

Refuser le vaccin pour éviter un retour à l’école

Une autre patiente vue plus tôt ce jour-là est terrifiée à l’idée de reprendre l’école « en personne », au point de refuser le vaccin.

Suivie pour son anxiété depuis des années, Alex, 17 ans, sait que le « retour à la normale » dépend de la réponse vaccinale.

Après une fin de secondaire sur Zoom et une première année de cégep entièrement en ligne, elle ne veut plus retourner en classe.

La pandémie a creusé le vide qu’elle ressentait déjà en elle. Prise en sandwich entre des parents séparés – une mère bipolaire « pour qui les pilules ont changé la vie » et un père TDAH « anti-pilules » –, elle se sent incomprise.

Depuis janvier, elle conçoit des plans suicidaires. Elle a pris des drogues dures pour la première fois.

« Je veux juste ressentir quelque chose », lâche Alex.

Fortuné, son père lui a déniché un psychologue au privé.

Beaucoup d’enfants n’ont pas cette chance. Ils atterrissent aux urgences en désespoir de cause ; en attente depuis des mois, voire des années, de services en santé mentale dans le réseau public.

Avec la pandémie, la quête – déjà ardue – d’un psychologue est devenue quasi impossible ; même au privé, constate la Dre Vadnais.

Lorsqu’ils téléphonent dans les cliniques privées, les parents de ses patients tombent sur des boîtes vocales avec des messages préenregistrés précisant que l’endroit n’accepte plus de nouveaux patients. Une maman a dû élargir ses recherches à un rayon de 150 km de chez elle pour enfin trouver.

Cela fait 300 km aller-retour, soit trois heures de route, à chaque consultation. « Ça n’a aucun sens », lâche la pédopsychiatre.

Une bombe chez Thalie

ILLUSTRATION JULIEN CHUNG, LA PRESSE

« Ça va sauter dans cette famille. »

Dès le 13 mars 2020 – le jour où Québec a décrété l’état d’urgence sanitaire, confinant du même coup la province en entier –, la Dre Marie-Pier Larrivée a pensé à Thalie.

L’ado de 16 ans est impulsive, hypersensible. Quand ça ne va pas, elle se mutile. La pédopsychiatre la suit à Sainte-Justine depuis qu’elle a 12 ans. Elle a diagnostiqué chez elle un trouble de personnalité limite et un déficit d’attention avec hyperactivité.

Les parents de Thalie ont tellement peur pour elle qu’ils l’étouffent. Avant la pandémie, leur relation était difficile. Difficile au point que son père lui a caché durant un an qu’il avait perdu son emploi pour ne pas la stresser. Il faisait semblant de partir au boulot tous les matins.

En même temps, ils n’ont pas tort de s’inquiéter. L’ado se met souvent les pieds dans le plat. Sur les réseaux sociaux, elle est une proie facile pour les prédateurs.

En temps normal, Thalie vient pratiquement toutes les semaines à Sainte-Justine. Elle y suit deux thérapies : l’une familiale, avec ses parents, et l’autre de groupe, avec d’autres ados qui ont besoin de stratégies pour réguler leurs émotions.

Pour ces grands usagers des urgences (tentative de suicide, automutilation, etc.), Sainte-Justine a mis sur pied un groupe de thérapie comportementale dialectique baptisé groupe TCD. Ces jeunes y apprennent à éteindre leurs feux intérieurs pour éviter d’atterrir aux urgences, prisonniers d’un brasier.

Dès les premières semaines de la pandémie, la Dre Larrivée et sa collègue pédopsychiatre Majorie Vadnais ont fait basculer le groupe TCD sur Zoom. Pas question de laisser tomber ces ados fragiles.

À la première séance de thérapie sur Zoom, la Dre Larrivée entendait sa patiente et son père se disputer. « Va-t’en », lui criait-elle par la tête. La médecin a été forcée de les séparer, leur ordonnant d’aller dans deux pièces différentes de la maison.

Nous sommes un an après le début de la pandémie, en mars 2021, lorsque La Presse assiste à une rencontre entre Thalie, son père et la pédopsychiatre.

Les parents ont contacté la médecin car l’ado a recommencé à « se mettre en danger ».

Au moment du premier confinement, un inconnu a escroqué Thalie sur les réseaux sociaux. Après lui avoir envoyé des photos d’elle nue, il l’a menacée. Elle a appelé la police. Mais l’enquête n’a rien donné. Démolie, l’ado a voulu mourir.

Thalie vient de recommencer à jouer avec le feu sur les réseaux sociaux. Du moins, selon la version de ses parents.

« Vous êtes over protecteurs », critique la jeune fille vêtue d’une camisole qui laisse la moitié de son ventre à découvert. Elle jure qu’elle ne s’est pas mise en danger à nouveau. Du moins pas ces dernières semaines.

Elle a même cessé de se mutiler, elle fait « juste » se pincer fort.

Durant la séance, la Dre Larrivée tente de calmer tour à tour les angoisses du père et de la fille. Au bout d’une heure, quand le duo quitte son bureau, la pédopsychiatre semble rassurée.

« Sur le plan affectif, Thalie a un moteur de Ferrari avec une transmission de Toyota Corolla, illustre la médecin. Là, elle va plutôt bien. Mais elle pourrait être aux urgences la semaine prochaine. »

Sans sport, la panique

ILLUSTRATION JULIEN CHUNG, LA PRESSE

Le football a sauvé la vie de Laurent.

Ce grand anxieux, aux prises avec un TDAH de surcroît, régule sa vie grâce au sport d’élite.

Aujourd’hui, la mère du colosse de 16 ans le retrouve en pleurs, couché en position fœtale sur le plancher de la cuisine, paniqué à l’idée d’aller à l’école.

Privé de football, il a fait un plan pour se suicider. Nous sommes à la fin du mois d’avril dans l’aile de psychiatrie de Sainte-Justine. La Dre Majorie Vadnais, qui le suit depuis quatre ans déjà, l’accueille avec chaleur. Il ne lui a jamais paru aussi fragile.

À la polyvalente, Laurent a un plan d’intervention qui l’autorise à sortir de la classe à tout moment lorsqu’il fait une crise de panique. Or, comme c’est le « festival du remplaçant » dans son école secondaire publique, il doit toujours tout réexpliquer.

Cette semaine, les gars de sa bulle-classe – une trentaine de joueurs de football – ont eu raison d’une autre enseignante de français avec leurs commentaires misogynes.

Cette fois-ci, il n’a pas pu décrire son trouble à un énième inconnu. C’était trop pour lui. En s’approchant du remplaçant en français, il a fondu en larmes. Pour éviter que les autres ne le voient, il est sorti en coup de vent.

À quoi bon être coincé avec autant de gars turbulents, qui font un vacarme l’empêchant de se concentrer en classe alors que la saison de football a été annulée, pandémie oblige ? se demande-t-il.

Son état ne fait que se détériorer depuis l’école en alternance. Il est devenu agoraphobe. Quand ses parents réussissent à le faire sortir dans leur cour arrière, c’est un miracle.

« Que fais-tu quand tu n’es pas à l’école ? », lui demande la pédopsy. « Je suis pas mal un légume », répond le grand gaillard, l’air triste.

Sa mère est catastrophée par le manque de services en santé mentale à l’école publique. À quoi sert un plan d’intervention s’il n’est pas appliqué ? demande-t-elle, découragée.

La Dre Vadnais augmente la médication de l’ado – des antidépresseurs – et l’implore de s’accrocher jusqu’à la fin de l’année scolaire. L’athlète a été recruté pour jouer au football collégial. Il y a de l’espoir, mais pour cela, il doit d’abord obtenir son diplôme.

« Si quelque chose ne va pas, n’hésite pas à revenir, insiste la Dre Vadnais. Comme je répète souvent : on est ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. »