(Montréal) Les hommes qui ont été obèses toute leur vie et qui présentent une obésité abdominale à l’âge adulte semblent plus à risque de développer un cancer de la prostate agressif, conclut une nouvelle étude de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) dont les conclusions ont été dévoilées en primeur à La Presse Canadienne.

De multiples études ont démontré au fil du temps que l’obésité semble augmenter le risque de souffrir d’un cancer, mais celle-ci témoigne plus spécifiquement d’une association entre l’obésité abdominale et une forme agressive du cancer de la prostate.

« L’obésité augmente les niveaux hormonaux, a expliqué la professeure Marie-Élise Parent, qui a supervisé les travaux du doctorant Éric Vallières. Et la prostate étant un organe qui est hormonodépendant, une obésité accrue pourrait réduire le niveau de testostérone et amener une inflammation chronique, ce qui pourrait promouvoir des tumeurs plus agressives. »

Les chercheurs ont interrogé quelque 2000 hommes de la région de Montréal, dont certains qui avaient récemment reçu un diagnostic de cancer de la prostate. Les participants ont notamment été questionnés au sujet de leur poids à l’âge adulte, de leur tour de taille et de la circonférence de leurs hanches.

Ils ont constaté que les hommes qui avaient un tour de taille plus élevé, comparativement à ceux qui avaient un tour de taille plus normal ou plus faible, avaient un risque plus élevé d’être atteints d’un cancer de la prostate de type agressif. Un tel tour de taille plus généreux est compatible avec une obésité abdominale.

Cette association était particulièrement marquée chez les hommes qui avaient été obèses toute leur vie.

« Une personne qui a été obèse toute sa vie et qui en plus, à l’âge adulte, a une obésité qui est nettement abdominale […] avait un risque accru de cancer de la prostate agressif, a dit Mme Parent. Et évidemment, le cancer de la prostate agressif est celui qui nous intéresse le plus au niveau de la prévention parce qu’il est associé à un pronostic plus défavorable. »

L’observation est importante, poursuit-elle, parce que si on observe pour d’autres cancers des facteurs de risque que l’on peut modifier pour abaisser le risque, il n’en va pas de même pour le cancer de la prostate.

Ces travaux semblent donc avoir décelé un élément sur lequel on pourrait jouer pour réduire l’incidence de ce qui est le type de cancer le plus répandu chez les hommes et la troisième principale cause de décès par cancer chez les Canadiens.

« Les cellules de gras abdominal sont métaboliquement plus actives que les autres, donc tout ça se tient, a dit Mme Parent. Le fait d’avoir observé que les hommes qui avaient de l’obésité abdominale avaient un risque accru d’un cancer agressif nous semble tout à fait cohérent. »

Plusieurs organisations, comme l’American Heart Association, considèrent qu’un homme dont le tour de taille est équivalent ou supérieur à 102 centimètres souffre d’obésité abdominale.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical Cancer Causes and Control.