Les CHSLD et autres établissements de soins de longue durée du Québec ne seront plus seulement des « milieux de vie », mais également des « milieux de soins ». Où les médecins seront invités à être plus nombreux à y travailler. Où les personnes hébergées pourront « faire des choix » et voir leur dignité préservée.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a présenté jeudi matin la nouvelle « Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée » pour le Québec.

« Les milieux d’hébergement doivent devenir des milieux dont nous serons fiers collectivement », dit Mme Blais.

Dans les mois précédant la pandémie, Mme Blais avait visité 103 CHSLD à travers la province. Et un constat lui avait sauté aux yeux : plus de 80 % des gens qui y vivent présentent des troubles neurocognitifs. Mme Blais a réalisé que même si le réseau favorisait depuis des années l’approche « milieu de vie », les CHSLD devaient aussi être des « milieux de soins ».

Avec sa politique intitulée « Des milieux de vie qui nous ressemblent », Mme Blais vient « réconcilier ces deux concepts », selon Philippe Voyer, expert en soins infirmiers gériatriques et directeur du programme de baccalauréat en sciences infirmières à l’Université Laval. Pour M. Voyer, la politique marque un « tournant » qui donnera une « orientation claire » pour changer les milieux d’hébergement de longue durée au Québec.

De plus petits milieux

La politique s’adressera aux CHSLD, mais aussi aux ressources intermédiaires, aux ressources familiales ou à tout milieu accueillant des aînés. Mme Blais assure que le maintien à domicile « reste l’option à privilégier le plus longtemps possible ». Mais pour les personnes ne pouvant plus demeurer à la maison, des milieux d’hébergement qui respecte leurs besoins doivent être implantés.

La politique vise à respecter le pouvoir d’autodétermination des personnes hébergées. À éviter les transferts multiples. « On veut créer de plus petits milieux », ajoute Mme Blais. Celle-ci mentionne que du travail sera aussi fait pour valoriser le travail des professionnels dans les milieux d’hébergement pour aînés.

Mme Blais affirme que la politique ne sera « pas que des vœux pieux ». Elle mentionne que la politique sera suivie « d’un plan d’action concret ». Mais elle dit que déjà, des changements sont en branle. Un gestionnaire par CHSLD a été embauché. Les CHSLD privés sont convertis en CHSLD privés conventionnés. Sous peu, 10 millions seront investis afin d’embaucher des chargés de projet dans chaque CISSS et CIUSSS qui veilleront à l’application de la politique d’hébergement. « Ça va changer la dynamique », dit-elle.

Usager au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Robert Tremblay est satisfait de la politique présentée par Mme Blais, à laquelle il a participé. « Je me suis senti utile », dit-il.