(Québec) Devant une demande de main-d’œuvre « qui ne cesse d’augmenter » en raison de la pandémie, le CISSS de la Montérégie-Est demande à ses gestionnaires de se tourner vers leur entourage pour recruter des renforts. Selon le syndicat local, la pénurie est particulièrement préoccupante chez les préposés à l’entretien.

« Nous vous demandons de réfléchir et d’interpeller des gens de votre entourage (amis, familles, étudiants, retraités ou anciens collègues) pour leur parler des opportunités qui s’offrent à eux », écrit la direction des ressources humaines de l’établissement dans une note de service que La Presse a pu consulter.

Envoyée à tous les gestionnaires, la missive datée du 5 octobre indique qu’« aucune stratégie d’attraction ne doit être sous-estimée ». On écrit par ailleurs que « malgré des milliers d’embauches » depuis les derniers mois, « il reste encore beaucoup de besoins à combler » au sein de l’établissement.

On ajoute que « rien ne vaut le contact direct afin de promouvoir [l’]organisation, mais aussi pour expliquer en quoi votre entourage pourrait être contributif ».

Le document fait également état d’une liste des secteurs où des postes sont disponibles : on cherche portiers, aides de service, dépisteurs, enquêteurs épidémiologiques, auditeurs, préposés en hygiène et salubrité ainsi que du personnel pour du « soutien administratif » et des « mandats de gestion ».

Le CISSS de la Montérégie-Est admet qu’il ne s’agit « pas d’une pratique courante », mais précise qu’il se prête à cet exercice chaque année. « Nous avons un réseau très large d’employés et de gestionnaires et le fait de le solliciter nous permet d’obtenir des contacts et d’élargir notre bassin de recrutement », indique le porte-parole de l’établissement, Hugo Bourgoin.

« Cette démarche est également en cohérence avec la vision que le recrutement est l’affaire de tous », ajoute-t-il dans un courriel.

De son côté, le ministère de la Santé explique qu’aucune directive en ce sens n’a été émise au sein du réseau, mais qu’il « encourage » ce genre d’initiative.

Difficile de mesurer les résultats, mais le CISSS estime que sa démarche « donne des résultats positifs » sur le terrain. On cite l’exemple d’un gestionnaire qui a eu l’idée de joindre les centres de conditionnement physique pour obtenir des ressources en kinésiologie et œuvrer auprès des personnes âgées.

Une pénurie qui « fait mal partout »

Le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses du CISSS de la Montérégie-Est–CSN, Daniel Laroche, n’est pas surpris de cette nouvelle offensive pour dénicher des renforts alors que la deuxième vague de la pandémie met tout le réseau de la santé sous pression.

Globalement, dans le réseau, c’est la saignée. Il y a des problèmes d’attraction et de rétention de personnel […], c’est une pénurie de main-d’œuvre qui fait mal partout.

Daniel Laroche, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses du CISSS de la Montérégie-Est–CSN

En plus du manque d’infirmières et d’auxiliaires qui est bien connu, d’autres métiers sont aussi touchés par la pénurie, comme les buandiers et les préposés en « hygiène et salubrité », indique celui dont le syndicat représente quelque 5000 membres.

Selon M. Laroche, « plusieurs, plusieurs » préposés à l’entretien ont quitté leur emploi pour participer à la formation accélérée afin de devenir préposés en CHSLD. La deuxième cohorte, qui doit former 3200 élèves, est ouverte au personnel du réseau de la santé, comme les aides de service, ce qui n’était pas le cas lors de la première cohorte en juin dernier.

M. Laroche n’avait pas le nombre précis de travailleurs qui ont choisi de se réorienter vers la profession de préposé en CHSLD. « Mais, sur le terrain, on le remarque », assure-t-il, inquiet. Il affirme que le CISSS a fait appel à des agences de placement de personnel pour effectuer l’entretien dans une dizaine d’installations. « C’était moins de cinq lors de la première vague », compare-t-il.

Pour sa part, le CISSS confirme que « dès la semaine prochaine », plus de 200 plages d’entrevues supplémentaires seront offertes spécifiquement pour les besoins en hygiène et salubrité, la buanderie, l’entretien et les services alimentaires.

On précise par ailleurs que les besoins en matière de soins infirmiers et d’infirmières auxiliaires « demeurent très importants », sans les quantifier.