(Longueuil) « La nuit, on est une infirmière pour 224 patients. On ne peut pas se diviser en deux. S’il se passe deux choses en même temps, c’est fini », témoigne Gabrielle Soucy, assistante infirmière au CHSLD René-Lévesque à Longueuil, où des dizaines d’infirmières se sont réunies mercredi matin pour dénoncer des ratios de patients dangereux.

« On voulait envoyer une image forte. L’entendre c’est une chose. Le voir, c’est encore mieux », raconte Gabrielle Robillard, infirmière auxiliaire. Derrière elle, 125 effigies de personnes âgées, qui illustrent le nombre moyen de patients par infirmière au CHSLD René-Lévesque. La Montérégie-Est remporte la palme des pires ratios professionnels en soins, selon la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

« Les conditions de travail sont dangereuses tant pour les patients que pour les infirmières. On est à risque de faire des erreurs, on est à risque d’épuisement », explique Mme Robillard.

La présidente de la FIQ, Nancy Bédard, déplore une résistance de la part du gouvernement pour établir les nouveaux ratios. « La bonne nouvelle, c’est que le premier ministre François Legault a admis la surcharge de travail des professionnels de soin pour la première fois hier. On espère être capable d’avoir un déblocage à la table », explique Mme Bédard.

Devant l’état de la situation à la table de négociations, des infirmières et des inhalothérapeutes ont bloqué les ponts de Québec et Jacques-Cartier lundi pour dénoncer leur épuisement dû aux heures supplémentaires.

Lors d’un point de presse, mardi, le premier ministre François Legault s’est dit prêt à « tout faire » pour réduire la charge de travail des infirmières. Mais il a prévenu qu’il ne pourrait le faire en offrant en même temps des augmentations de salaire plus élevées que l’inflation.

La convention collective de la FIQ est échue depuis le 31 mars. Ses principales revendications portent sur la réduction de la charge de travail, notamment les heures supplémentaires et les ratios de patients.